C’est la lectrice de l’artiste Augustus Jules Bouvier qui rangera ce soir La tentation du bleu de Carole Darricarrère sur les rayons. Non sans un dernier poème, que voici :
Ce qui les domine
cette direction unique
leurs regards se tendent
vers cette direction immense
C’est la fourrure nocturne
« Bleu nuit » dit-elle
en lui il cherche
son imaginaire de femme
il regarde ce qu’elle dit
Ce qui les fascine
c’est ce qu’ils ne voient
La lectrice du peintre Auguste Durel est entrée sur la pointe des pieds. Puis, elle s’est assise et a dégusté chacun des mots de La tentation du bleu de Carole Darricarrère avant d’arrêter son choix sur ce texte :
C’est une chambre
c’est une ville du monde
l’espace st plein de cris
c’est un lieu
il est plein de mouvements
il y a un écho
Il est midi les trottoirs se remplissent
de pas
C’est une chambre
sur le toit de la ville
ce qui chante
prie
ce qui prie
chante
on peut voir mille terrasses
C’est la lectrice du peintre Louis Thibaudet qui avait ce soir rendez-vous avec les mots de Carole Darricarrère. Les mots de son recueil La tentation du bleu, duquel elle a extrait ceci à votre intention :
je suis l’eau dit-elle
j’appartiens aux mers divagantes
je suis l’eau mendiante
j’erre
mon désir est au-delà
je suis l’air
je suis
le sommeil des matières et des chants
je suis l’absence inachevable
ma forme est au-delà
Je suis le feu je vis
d’illusions
j’ouvre je suis un je suis multiple
je suis l’élan, je suis l’éclat
ma bouche est libre
mon désir immédiat
je me dérobe
je suis la terre lourde de son poids
je suis le corps aveugle et noir, je suis bonne
je suis le lieu et le geste, j’abonde
je suis l’anneau qui enferme
je suis la chair du temps
La lectrice du peintre néerlandais Simon Willem Maris s’est doucement laissée porter par les mots de Carole Darricarrère dans La tentation du bleu. Des mots qui l’ont touchée, qui l’ont rejointe. Particulièrement ceux-ci :
En chemin,
tous les chemins mènent à lui
En chemin,
tous les chemins se souviennent d’elle
La lectrice peinte par Pierre-Auguste Renoir n’a pas hésité une seconde. Dès qu’elle a lu cet extrait dans La tentation du bleu de Carole Darricarrère, elle a su qu’elle allait vous l’offrir :
haut, bas, en ce milieu
fragile
à l’intérieur, elle préfère s’isoler, à l’extérieur
mouvement
précipitation. pour une étreinte
furtive
La lectrice de l’artiste suédoise Eliza Olivecrona n’a pas pris le temps d’enlever bonnet et manteau. Dès son arrivée, elle s’est plongée dans La tentation du bleu de Carole Darricarrère. Puis, elle est repartie sans un mot en laissant le livre ouvert sur ces vers :
Je suis la mer instable,
et ses poissons.
Je suis le mouvement,
inlassable et libre.
J’existe dans ce mouvement.
Dans ce mouvement je vais, je cherche,
la répétition des terres.
Je suis le pain de terre.
Je porte les grands arbres, leurs racines.
J’avance mes sables et ce lit et mes eaux.
Je cherche le mouvement.
Celui qui vient, inlassable
devant les hautes mers.
Je suis le fleuve.
Je suis rivière.
Je coule dans le sens du large.
Et la terre en mes eaux et la mer
unissent leurs saisons.
La lectrice peinte par Thomas Lawrence est allée de page en page. Portée par La tentation du bleu de Carole Darricarrère. S’arrêtant parfois. Reprenant le recueil comme on le fait d’un récit. Revenant en arrière afin de transcrire pour vous cet extrait :
Quand elle s’avança
avec ses yeux qui brillaient
tous ces mots doux dans la bouche
et ses mains s’avançaient aussi
prenaient le temps de s’avancer
Elle glissait le long du mur
mais ces mots bleus calmes
qui sortaient de sa bouche
glissaient,
se dépliaient comme des oiseaux
lents,
de sa bouche,
parfaitement lents
La lectrice de l’artiste Robert Hammerstiel n’a pas tardé à trouver dans La tentation du bleu de Carole Darricarrère un texte qui lui « parlait ». C’est donc ici qu’elle s’est arrêtée :
Lorsqu’il ferme les yeux
il l’enferme dans ses yeux
ses gestes se posent
la croisent
ses gestes
Tombent dans le mouvement
Qui les retient,
s’ils penchent,
tout ce qui se prononce
qu’ils envisagent
le moindre signe
C’est la lectrice d’Ellen de Groot qui a choisi le livre qui accompagnera les lectrices du soir pendant quelques jours. Un titre qui a tout de suite attiré son regard. Un recueil signé Carole Darricarrère qui porte un titre magnifique : La tentation du bleu. Un recueil dont elle a choisi cet extrait :
Il ne sut si la peau
aurait ce goût de framboise
de chutes,
ce goût précis
dont il se souvint comme d’un goût de fruits
Viendrait-elle,
l’empourprement viendrait
l’ombre rouge
le flot souple des lèvres
désirant doux
ses pupilles de mer
Armando n’a pu résister à la tentation de nous offrir le père Noël en photo alors qu’il est tout juste minuit en Belgique.
On ne sait jamais : l’un de nous dormira peut-être à l’heure de sa tournée! Décidément, Armando pense à tout! Car Noël sans père Noël, ça ne se fait pas!