En vos mots 906
Déjà septembre! Est-ce ce que se dit la jeune lectrice imaginée par Robin Pietersen qui a déposé son livre sur sa table de chevet pour regarder les oiseaux voler? C’est possibke. À vous de nous le dire, de raconter en vos mots ce que cette scène vous inspire.
Comme le veut l’habitude, aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain. Vous avez donc amplement le temps d’écrire quelques lignes, de lire les textes déposés sur la scène livresque de dimanche dernier et même de commenter ceux-ci, si vous en avez envie.
D’ici là, bon dimanche, bonne semaine er bon début de mois à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.
Une fois encore, Christine n’arrive pas à trouver le sommeil. Elle se sent bien fatiguée pourtant. Ses journées trop remplies ne lui apportent que trop peu d’agrément. Il est de ces périodes dans la vie où nos effort sont requis au-delà de nos limites. Et où il nous faut redoubler d’attention à nous-mêmes, et pas seulement aux autres. A tout ce qui peut nous faire du bien.
Est-ce la lune pleine, rendant la nuit si claire, qui lui donne les idées à ce point embrouillées? Elle s’est endormie brièvement, envahie de songes étranges et agités. Atmosphère fébrile et peu confortable. Ambiance désagréablement déjantée. Puis, la voilà soudain bien réveillée. Et son oie aussi. Elles dorment toujours ensemble, chaleur contre chaleur. En toute confiante amitié.
Jadis Christine avait un chat, ou plutôt une chatte, qui chaque nuit se lovait contre elle. Même la journée à vrai dire, dès que cela se pouvait, la chatte se collait contre elle. Elles étaient inséparables. Mais maintenant, Christine a reçu du ciel la compagnie douce et inattendue d’une oie. Recueillie un soir d’orage, sur la route, blessée. Heurtée par une voiture sans doute. Miraculée. Christine l’a prise avec précaution et amour dans ses bras, ramenée chez elle. Soignée avec mille attentions. Guérie, alors que tout espoir paraissait raisonnablement perdu. L’oie, dénommée Eulalie, semble lui en être à jamais reconnaissante. Mais elle non plus cette nuit ne dort pas.
Alors Christine a rallumé la lumière. A peine nécessaire, tant la nuit en est emplie. Elle a rapidement posé le livre dont elle s’était saisi par habitude. Car le spectacle qu’elle observe par la fenêtre la captive davantage pour l’instant que toute page littéraire. Les moutons dans la prairie, eux non plus ne dorment guère. Les compter en vrai serait-il plus efficace pour se rendormir? Elle n’en a pas l’impression.
Elle observe le ciel, et ce qu’elle y voit d’un seul coup la sidère. Des vols d’oies sauvages, par milliers. Eulalie elle aussi semble intéressée. Mais heureusement sans aucune velléité de les rejoindre. Alors, Christine sent ses paupières s’alourdir, dans une sorte de béatitude. Elle compte les oies. Et Eulalie, plus calme elle aussi, couchée et paisible, l’accompagne délicieusement dans ce voyage au pays des rêves.
Comment by anémone — 3 septembre 2024 @ 15:32
Lisboa, 8 septembre 20024
Ma chère B.,
Il m’arrive de penser à ces dimanches pluvieux, aux heures perdues de l’enfance, et de me dire qu’ il en aurait été tout autrement si le cahier de nos existences avait été écrit avec douceur, à l’encre du bonheur.
J’aime t’imaginer petite fille heureuse, grandissant bercée par tes rêveries, tes livres et attendant à la fin du jour le retour de papa pour s’asseoir sur ses genoux et lui raconter tes rêvasseries, lui dessiner ton nom dans l’air avec tes petits doigts de fée naissante. Pour un baiser. Avant de te blottir contre lui pour respirer, les yeux fermés, le parfum de tout l’amour du monde. Celui qu’on retient pour plus tard. Quand le cœur un peu lourd on regarde par la fenêtre en ayant l’arrière-goût qu’un jour on a été aimée. Tant aimée. Tendrement aimée.
Il m’arrive de me dire qu’on se serait sûrement disputés pour quelques pages d’un livre que j’aurais froissées ou abîmées. Je t’’entends plaider, au tribunal tendre de nos parents amusés, que plus jamais tu me prêteras tes livres, que tu me détestes et que tu ne m’aimeras plus jamais. Tous ces « plus jamais » dilués comme des morceaux de sucre dans la délicatesse d’une enfance heureuse.
Instants évaporés dans les souvenirs de nos enfances, pour ne retenir que la gémellité des moments heureux, qui font qu’on serait toujours ensemble chaque fois qu’on pense à l’autre. Peu importe les chemins de nos vies. La distance n’est qu’un leurre.
Il m’arrive de penser à tant de choses. Les mêmes. Ou quási. Inlassablement. Sans doute pour tromper ce qu’il me reste de l’enfance.
Et je sais qu’ il y a des vies heureuses dès l’enfance et des amours qui durent toute une vie. Et au-delà.
Et me dire qu’elle aurait pû être à toi. Et que cette fille aux cheveux blancs qui pleure son père malade, n’est autre que la même petite fille qu’il prenait sur ses genoux à la fin du jour.
Et que j’aurais pu avoir fait des plis dans les coins des pages de ses livres. Puisque aimer c’est aussi cela.
Je t’embrasse.
A.
Comment by Armando — 6 septembre 2024 @ 11:02