En vos mots 883

Alors que je viens tout juste de valider les commentaires déposés sur l’illustration de dimanche dernier, que je vous invite d’ailleurs à lire, il est temps de vous proposer une nouvelle scène livresque afin que vous la racontiez en vos mots.
C’est sur une illustration de William Stephen Coleman que mon choix s’est arrêté, en espérant que celle-ci vous inpirera et que nous aurons le plaisir de vous lire au moment de la validation des textes dans une semaine.
D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.
Elle a posé la pelle et le petit seau. Ils se sont amusés à construire un château de sable avec son petit frère. Mais un jeune camarade est venu les rejoindre, et elle laisse maintenant les deux enfants continuer ensemble l’ouvrage déjà bien avancé.
Quelle joie de retrouver son livre! Elle dispose d’encore un peu de temps avant la marée.
Comment by anémone — 29 mars 2024 @ 9:59
Lisbonne, 31 mars 2024
Ma chère B.,
De ma fenêtre, je vois le pont qui relie les berges du Tage. Et le Christ Roi. Qui semble veiller nuit et jour sur Lisbonne. Bras ouverts. Sans jamais se plaindre de ce qu’il voit.
Je vois la nuit. Immobile, enjolivée d’éparses étoiles. Muettes de solitude. Comme un sans-abri frileux, ivre d’épuisement et d’indifférence. Pareilles à ces ombres que le soleil dessine sur les pavés sales d’une ville lointaine qu’il me semble avoir jadis aimée. Un peu.
Heureusement que La fille aux cheveux de lin, de Debussy, me tient compagnie. Au cas où ce silence me serait insupportable. Et la folie de mes démons me murmure qu’il est inutile de poursuivre ma destinée. Que tout ce que je vis était déjà écrit. Bien avant. Et que quoique je fasse, tout est déjà écrit. Pas un seul mot ne pourra être changé.
De ma fenêtre, j’entends le chant des sirènes. Comme Ulysse. Et je me dis que ce sont peut-être les mêmes. Puisque les sirènes sont éternelles. Le vent me l’a murmuré. Une nuit où je perdais l’espoir de te retrouver. Seul, avec ma lanterne. Malheureux Diogène anonyme. Je murmurais aux passants : je cherche une femme… aidez-moi… je cherche une femme. Et les gens riaient. Ils trouvaient que mon désarroi était drôle. Et moi je baissais la tête pour qu’ils ne se gaussent de mes larmes.
De ma fenêtre il me vient quelquefois l’envie de crier. Si fort, tellement fort. Dans l’espoir que toi, intriguée de déceler d’où vient un tel cri, lèves tes yeux vers le ciel et, pour que quelques instants, on partage les mêmes étoiles. Celles que je vois de ma fenêtre.
Je t’embrasse.
A.
Comment by Armando — 30 mars 2024 @ 11:39