En vos mots 875
Comme je suis déjà fatiguée de l’hiver, j’ai choisi pour l’En vos mots de cette semaine une scèene livresque qui n’a rien à voir avec la saison actuelle.
À vous de faire vivre cette lectrice peinte par James Clarke Hook et de me transporter loin de la neige et du verglas des derniers jours qui m’ont rendu la vie bien difficile, mais beaucoup moins qu’à l’époque où je devais me rendre au bureau cinq jours par semaine plutôt qu’un seul.
Comme le veut l’habitude, aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain. Vous avez donc plus que le temps de lire les textes déposés sur l’illustration de dimanche dernier et d’écrire quelques lignes. C’est avec plaisir que nous vous lirons.
D’ici là, bonne semaine et bonne fin de mois à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.
Maureen s’est résolue aujourd’hui à braver le vent un peu frisquet. Cela fait trop longtemps qu’elle vit enfermée entre ses quatre murs! Un rayon de soleil lui a lancé une oeillade, la décidant à sortir, et elle s’est rendue à son endroit préféré sur la grève. Là où elle ne va qu’à l’entre-saison, car l’été on y rencontre beaucoup de monde et il y fait assez bruyant.
D’habitude elle attend le mois de mars, ou avril. Mais cette fois elle n’y tient plus. Elle a empoigné son livre et mis un foulard, une veste. En route!
Or, à peine installée sur ses chers rochers, en toute quiétude, bercée seulement par le mouvement régulier du ressac, elle sent le soleil de midi lui caresser agréablement la peau. Il ne lui en faut pas plus pour se délester de sa veste, qu’elle plie sous elle en guise de coussin, et de ses chaussures. Moments suspendus. Divins. Sensation délicieuse. Comme elle a bien fait de ne pas attendre le printemps!
Comment by anémone — 2 février 2024 @ 17:54
Lisbonne, 4 février 2024
Ma chère B.,
En regardant la lectrice de James Clarke Hook, j’avoue avoir maintes fois rêvé d’une maison avec l’infinité de l’océan pour seul horizon. Il me semble que la vie, à défaut d’être plus heureuse, serait plus paisible. Plus sereine. Plus nonchalante. Aussi.
Que de l’insouciance. Le nez dans quelques mots d’un bouquin pris au hasard, en écoutant le chant du vent et le cri des mouettes, amusées de leur liberté, dans un ciel parsemé de lointains nuages épars, qui semblent vouloir promettre, à l’aube de chaque jour, la beauté d’un inépuisable printemps.
Oublier l’étrangeté de nos existences, épuisées par les innombrables heures gaspillées dans l’inutile écume des jours, remplies si souvent de tout ce que nous n’avons pas choisi, malgré la perception que nous avons façonné nos existences à notre guise.
La vérité est que, de nos vies, nous ne choisissons rien. Ou si peu de choses. Le seul et unique choix que nous faisons est celui de vivre. De prendre des chemins, poussés par le vent, par la crainte d’en prendre un autre, par le hasard des circonstances ou encore pour l’amour de quelqu’un qui veille sur nos peines. Tendrement. Et nous rend heureux à un point qu’on n’a jamais appris à lui dire.
D’évidence, seule la vie nous fait prendre, avec plus ou moins de bonheur ou de réussite, les chemins qui nous mènent où nous nous trouvons.
D’ailleurs, quand on y pense, naître est déjà le tout premier de nos non-choix. Comme on n’a pas, non plus, choisi de naître dans un monde où on raconte qu’un dieu aurait dicté à Moïse dix commandements, parmi lesquels « Tu honoreras ton père et ta mère ». Mais il aurait oublié un onzième commandement : « Tu n’abandonneras pas tes enfants. »
Comment des enfants peuvent-ils honorer des parents qui les ont abandonnés?…
Je crois que, si un jour Dieu venait à exister, j’aimerais lui poser la question. Pas toi?
Je t’embrasse.
A.
Comment by Armando — 3 février 2024 @ 9:43