Lali

26 novembre 2023

En vos mots 866

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

Déjà le dernier dimanche de novembre, et plus que quatre semaines exactement avant la veille de Noël…

Aura-t-on alors décidé de ne pas déplacer les étals des bouquinistes pendant la tenue des jeux olympiques l’été prochain? C’est ce que je souhaite vivement et que souhaitent probablement aussi ces lectrices peintes par Louis Icart.

Elles vous tiendront compagnie toute la semaine. Vous pourrez donc en discuter avec elles en long et en large afin d’écrire quelques lignes d’ici dimanche prochain. Comme le veut l’habitude, aucun commentaire ne sera visible avant. Prenez le temps de lire les commentaires déposés sur la toile de dimanche dernier, et même de les commenter si vous le souhaitez. Pourquoi pas?

Rendez-vous dans sept jours pour la suite!

2 commentaires »

  1. Paris. Les quais de la Seine. Les bouquinistes. Le va-et-vient des curieux. Des paumés. Les bavardages entre connaisseurs. Quelqu’un siffle une vieille chanson de Noël. Une chanson de Bing Crosby. Franchement. De nos jours, qui se souvient de Bing Crosby?

    Le cœur gros, j’traîne des pieds. Paris est si grand et je ne sais plus où aller. Partout Noël brille de mille feux. Des rires. Des regards joyeux. Alors que pour moi, Noël… Foutaises.

    Noël, je n’ai jamais su ce que c’était. Le gars tout habillé de rouge qui descend par une cheminée étroite où il n’arrive même pas à glisser une jambe, pour apporter les cadeaux aux enfants sages pendant qu’ils dorment d’un sommeil paisible et sans craintes. Je ne l’ai jamais croisé.
    Sauf à l’entrée des magasins. Avec son air bon enfant, les gosses sur ses genoux pendant que des parents prennent des photos. Qu’on rangera au fond d’un tiroir. Pour s’en souvenir plus tard. Quand leurs gamins auront, à leur tour, des petits gâtés pourris.

    Paris. Les quais de la Seine. Les bouquinistes. Deux femmes parlent de leurs familles qui viendront. Pour le 24. Le grand-père dont ce sera peut-être le dernier Noël parmi nous. Comme elles disent. Le frère, jeune cadre dans une boîte en Irlande où les jours sont bien meilleurs qu’ici. Puis, la sœur, mariée à un beauf, administrateur d’une banque, qui leur manque tant. La sœur pas le beauf. Et elles ont des étoiles dans les yeux. Comme si le monde se résumerait à cela. À leurs mièvreries familiales.

    Le cœur chagrin, je traîne des pieds. Étranger à tout cela. Perdu dans un Paris qui s’attarde dans la mignardise d’un bonheur de saison. Alors que moi, Noël je ne saurai jamais ce que cela veut dire.

    Je pense à ce brave Montesquieu qui prétendait ne jamais avoir connu de chagrin qu’une heure de lecture n’ait effacé.

    Il va me falloir plus d’une heure. Bien plus. Et c’est peu dire.

    Comment by Armando — 28 novembre 2023 @ 8:23

  2. – Pourrais-tu imaginer ces quais, mon chou, sans nos chers bouquinistes?
    – Il va de soi que non, ma chérie! Ils font notre joie chaque dimanche. Et même parfois en semaine, quand nous avons l’occasion d’y passer.
    – C’est toujours un tel plaisir! Nous prenons le bon air. Nous marchons et nous nous donnons du mouvement. Nous profitons du magnifique paysage de la Seine. Nous y chinons agréablement tout en faisant du bien à notre santé. Que de découvertes uniques nous y avons faites!
    – Assurément! Des livres de toutes sortes, des revues d’art et autres périodiques, des affiches, des lithographies magnifiques, des estampes… Parfois des pièces rares, que nos sourires irrésistibles parvenaient à arracher à plutôt bon prix. Te souviens-tu de ce lot formidable de gravures de mode que nous avions dénichées il y a déjà plusieurs années?
    – Oh oui! Des gravures de Louis Icart, que nous nous sommes partagées!
    – Tu as même retenu son nom!
    – Certainement. J’avais eu le bonheur de le croiser il faut dire, lors d’une visite à la Maison Valmont qui appartenait à sa tante. Un garçon assez charmant, je trouve. Son regard sur les femmes n’est pas pour me déplaire, je l’avoue. Il semble nous voir un peu telles nous nous voyons nous-mêmes, si je puis dire. Je ne peux m’expliquer cela. J’ai senti en lui de la douceur, une certaine indulgence, un genre de bonté, une manière de tendresse. Toutes pareilles à celles que je perçois dans ses dessins, même humoristiques. L’oeil qu’il pose sur nous n’est pas du tout celui d’un prédateur, comme l’est hélas celui de tant d’hommes, qu’ils soient artistes ou non. Il serait plutôt complice. Et tendre. Je suis retournée plusieurs fois à la Maison Valmont, et pas tant, pour y contempler les chapeaux, je te l’accorde, que pour espérer l’y revoir. Mais je ne l’y ai plus jamais rencontré.
    – Je suis probablement une affreuse égoïste, mon chou, mais j’avoue que je préfère la situation comme elle est. Je me souviens maintenant que tu m’avais parlé de lui, et avec quelque émoi, un peu rougissante. Je suis même allée jusqu’à songer que si tu ne me proposais jamais de t’accompagner à cette Maison Valmont, ce n’était pas vraiment par pur hasard. Il m’aurait peut-être plu à moi aussi, ce beau mâle séduisant sans être séducteur. Et nous serions devenues rivales. Tu imagines cela? Moi jamais!
    – Non, ma chérie, bien sûr. Nous ne nous le serions en effet sans doute pas partagé comme nous avons partagé ses oeuvres! Or je tiens à toi et à notre amitié. Mais l’amour, parfois, fait des ravages et nous aveugle! Tu as raison, c’est mieux comme cela. Entre-temps, je l’avais un peu oublié je dois dire.
    – Ils existent depuis longtemps, les bouquinistes, depuis plusieurs siècles. Même si au début ils ne disposaient pas encore de ces si jolies boîtes vertes.
    Que ferions-nous, s’ils n’étaient pas là? Ils font tout le charme de Paris!
    – On s’ennuierait, le dimanche!

    Comment by anémone — 1 décembre 2023 @ 13:01

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