En vos mots 852

Alors que je viens à l’instant de valider les textes déposés sur la scène livresque de dimanche dernier, que je vous invite d’ailleurs à lire et à commenter, je vous propose cette semaine de faire vivre en vos mots cette illustration de l’Espagnol Juan Berrio.
Comme le veut l’habitude, aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain. Vous avez donc sept jours devant vous pour écrire quelques lignes, un poème ou une courte nouvelle, selon votre envie. Il n’y a pas de règles au pays de Lali.
D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.
Cela fait bien longtemps que j’ai utilisé pour la dernière fois la zapette. Chez moi en tout cas. Et c’était pour éteindre définitivement la télé.
Il est vrai que cela a coïncidé avec l’entrée dans ma vie de l’internet. Et l’agréable irruption d’une manière plus interactive de m’intéresser au monde.
Je privilégie aujourd’hui encore toujours les livres. Mais aussi les contacts que la toile permet d’entretenir. Les infos qu’elle rend possible de collecter et de partager, en en choisissant et en en vérifiant autant que possible les sources.
Jamais je n’ai regretté mon geste. Le téléviseur est resté des années au même endroit, attendant d’éventuels meilleurs jours, recouvert d’un joli tissu. J’y avais appuyé un tableau réalisé par un ami.
Son bel et grand écran a récemment pris place chez ce même ami, servant très utilement de support aux films que nous projetons régulièrement chez lui, suivis d’un petit débat. Téléviseur et zapette jouissent ainsi enfin, de même que nous, d’une inédite et féconde vie.
Comment by anémone — 24 août 2023 @ 5:53
Alors que j’avais besoin de calme pour réviser mes cours, Anne est venue s’installer dans la chambre pour regarder la télévision alors que nous avions établi que la télévision ne devrait servir que pour ne tenir compagnie qu’en cas de maladie.
Mais non.
Anne a décidé de s’affranchir joyeusement de cette règle d’or et de venir à mes côtés attendre le passage de son idole dont elle était une groupie inconditionnelle dans sa jeunesse.
Au lieu de la dissuader, puisque cela ne servirait à rien, j’ai ironisé : Dans ta jeunesse?… C’était au temps du noir et blanc.
Anne, les yeux collés au petit écran, m’a répondu, d’un ton sérieux : C’est ça, fais le malin… Tu vas voir ce que tu vas voir…
Et j’ai vu…
J’ai eu droit à Barbara et son habituelle tristesse Il pleut sur Nantes, donne-moi la main… Puis à la môme qui gueulait comme une malade Il portait des culottes, des bottes de moto, un blouson de cuir noir avec un aigle sur le dos… Et même à Marie-Paule Belle qui s’acharnait à nous crier Je ne suis pas Parisienne, ça me gêne, ça me gêne….
Martyr. Drapeau blanc.
– Anne ça va durer longtemps ce supplice?…
– J’te dis que tu vas voir ce que tu vas voir, ne sois pas impatient mon amour.
J’avoue que je me suis demandé : Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon dieu?… Sans doute une bêtise sans pardon, et le Tout Puissant détestant les basses besognes, avait chargé Anne de me punir…
Et voilà que cela recommence : Je suis une femme amoureuse, et je brûle d’envie de dresser autour de toi les murs de ma vie‘… Et Anne qui me regarde avec un sourire heureux et coquin.
Et moi qui soupire. Profondément.
Et puis l’autre : Je suis une poupée de cire, une poupée de son…, puis la Mouskouri, avec son air maussade : Que c’est triste la vie quand on aime et que l’autre s’en va…, suivi par Toute une vie sans te voir, c’est ça qui me fait mal…
Alors là, même si ma petite Véro se met à pleurnicher comme une dingue…
– Mais enfin Anne, tu veux que je me flingue?… C’est quoi toutes ces chansons à se couper les veines?… C’est la journée de la tristesse ou…
Même pas le temps de finir ma phrase qu’Anne a poussé un cri de joie : Tais-toi, mon amour!… La voilà…
Et elle s’est mise aussitôt à chanter :
And how she was before the years flew by (Et comment elle était avant que les années ne passent)
And how she was when she was beautiful (Et comment elle était quand elle était belle)
She signed the letter (Elle a signé la lettre)
All yours (Toute à toi)
Babooshka, babooshka, babooshka ja, ja
All yours (Toute à toi)
Babooshka, babooshka, babooshka ja, ja
…
Avec le talent et la sensualité d’une Jamie Lee Curtis dans True Lies, que je lui ignorais. À un point tel que je me suis dit que tout compte fait, la révision de mes cours pouvait bien atteidre.
J’avais de plus urgent et de mieux à faire. Beaucoup mieux. Et, à mon tour :
Babooshka, babooshka, babooshka ja, ja
Babooshka, babooshka, babooshka ja, ja
Comment by Armando — 26 août 2023 @ 14:57