En vos mots 696
Alors que je viens à l’instant de valider les textes déposés sur la scène livresque de dimanche dernier, que je vous invite d’ailleurs à lire et même à commenter si vous en avez envie, il est temps de vous proposer autre chose.
C’est sur une magnifique illustration de Julie Grugeaux (alias Julie de Terssac), que Chantal reconnaîtra puisqu’il s’agit d’une carte postale qu’elle m’a envoyée, que s’est arrêté mon choix.
La suite vous appartient désormais. Choisirez-vous la prose ou la poésie? Vous glisserez-vous dans la scène ou y installerez-vous des personnages? C’est ce que nous saurons dimanche prochain au moment de la validation des textes déposés et pas avant, comme le veut l’habitude.
D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous!
Il ne reste que le vide et quelques livres éparpillés, derniers amis silencieux, d’une vie de solitude inapaisée et de rêveries inassouvies, laissés seuls face à l’oubli du temps, qui attendent en silence.
Un jour ou l’autre, la main inconnue d’un videur de greniers viendra les ramasser. Avec l’indifférente froideur de celui qui ignore à quel point ils ont été désirés. Chéris. Aimés.
Ils finiront vraisemblablement leurs jours, comme des orphelins méprisés, dans l’inconfort d’une étagère rongée par les mites, chez un brocanteur sans passion, qui leur fixera un prix dérisoire dans l’espoir de s’en débarrasser au plus vite.
Faut dire qu’il y eut des hivers où d’autres livres, tout aussi nobles, ont fini leurs jours au bûcher. Le gémissement de leurs cendres n’a ému personne. Alors s’en débarrasser, sans attachement, pour quelques sous, c’est faire preuve d’humanité. Ou presque.
On dit que les livres n’ont pas d’âme. Qu’ils ne pleurent jamais. Et pourtant. Je n’y crois rien.
Je sais qu’ils ont une vie. Je sais qu’ils possèdent des mots qui disent les douleurs de mon âme mieux que je ne saurais le dire. Je sais qu’ils cachent des rivières et des îles perdues au milieu de leurs océans de mots. Qu’ils témoignent d’autres vies. D’autres lieux. D’autres rêves qui élargissent l’étroite fenêtre de nos rêves.
Je sais que lorsque que mon vieux fauteuil s’ennuiera du poids de mon absence et que je ne serai plus, j’aimerais qu’on dépose tous mes livres au pied de ma tombe. Et qu’au lieu de m’apporter de fleurs on vienne me lire quelques lignes éparses. Rien que quelques lignes. Pour que je m’endorme le cœur apaisé, en sachant qu’ils ne seront jamais seuls.
Comment by Armando — 10 août 2020 @ 3:56
Sur l’échiquier fleuri des ans,
Dans un refuge confortable,
Dans la lumière du présent,
Le passé s’invitait à table.
En filigrane sur les murs,
L’oubli ne trouvait plus sa place,
Et le savoir en ce lieu sûr
Jouait souvent à pile ou face.
Dans cet abri pour le repos,
Où toute frontière s’efface,
Il n’était ni tard ni trop tôt,
Le temps confondu à l’espace.
Comment by anémone — 15 août 2020 @ 9:20