En vos mots 6
C’est chaque fois un choix difficile. Cette toile ou une autre ? Il y en a tant que je voudrais vous offrir! Et que je vous offrirai…
Peut-être inspirera-t-elle. Peut-être se taira-t-elle. Ça fait partie du jeu. La lectrice de Fernand Léger est à vous pour une semaine. Peut-être rebelle à ce qu’on raconte son histoire. Peut-être un livre ouvert.
Elle est à vous. À votre imagination. À vos mots.
Cette femme fait la grimace car elle n’est pas dans une toile de Fernand Léger. Ce tableau est une copie « à la manière de » Fernand Léger de la toile: La mère et l’enfant.
À moins que ce soit le tout début ou l’esquisse de la toile de Léger qu’il a fait parvenir à un ami ou une amie.
Tant de suppositions pour en venir à dire que la mimique de cette femme m’inspire le rejet comme le cahier qu’elle laisse tomber.
Flairjoy
Comment by Flairjoy — 20 mai 2007 @ 9:53
Elle est à nous pour une semaine mais on dirait bien qu’elle fait le gué depuis cent ans le dos à la fenêtre, nue dans son col roulé.
Surprise par les premiers timbres d’A Vaca de Fogo de Madredeus, elle laissa échapper le livre.
Le livre ne tomba pas tout à fait mais resta suspendu à la mollesse de ses mains.
Ses doigts n’étaient pas bien jolis.
Au-dessus de la coupelle de fruits ses rondeurs n’avaient pourtant pas rompu avec la continuité du paysage extérieur aussi rond, aussi gorgé, aussi prétentieux qu’elle.
Car elle était prétentieuse.
Sa table pétulait sous des gourmandises dont aucun invité ne garderait le goût puisqu’elle avait préféré s’en repaître seule à seule.
Comme si la Lecture ne lui suffisait pas -avait maugréé le peintre en ne cessant d’en faire le tour.
(il était liant mais craignait toujours de manquer de pigment).
Puis il avait rincé ses pinceaux dans les grandes étendues d’eau calme de son regard en la plantant là avant d’aller offrir le papier à peine séché à ce vieil Emile.
Résultat : elle, la dernière page lui avait dilaté les pupilles et elle restait là, vautrée, décontenancée comme quand, une fois le livre terminé, il nous vient l’envie de le reprendre depuis le début, vous voyez ce que je veux dire?
Comment by Adèle — 20 mai 2007 @ 14:02
Allongée sur son transat, au soleil, elle entamme sa lecture. Elle s’est servie un verre de bon vin et a amené la coupe pleine de fruits. Elle ne sait pas si elle tiendra sous ce cagnard mais elle essaye.
Après avoir tourné la première page, elle se redresse, perplexe. Les pages sont vides, blanches…Fait-elle un rêve?
Il s’agit peut-être de ça, un rêve d’oisivité au soleil, d’une lecture transgressive, avec un retour à la réalité…elle aime les mots des autres mais là tout de suite, c’est elle qui veut écrire sur les pages blanches…
Comment by VanessaV — 22 mai 2007 @ 10:33
Après avoir lu plus de la première moitié du livre, la lectrice se laisse aller à penser à ce qu’elle vient de lire.
D’un air perplexe, elle se demande si elle va continuer sa lecture car en fait, il ne reste que quelques pages ou finira t-elle demain ?
Elle est si bien installée dans sa chaise longue sur la terrasse ensoleillée, ce serait vraiment dommage de ne pas terminer et de ne pas connaître la fin encore aujourd’hui. Après tout, j’ai tout le temps, ce dit-elle et j’ai envie d’apprécier le moment présent. Alors, elle se surprend à parler à haute voix et bien sûr ses yeux vont plonger dans la fin de l’histoire.
Comment by Denise — 25 mai 2007 @ 7:43
Lila venait de terminer de s’imbiber des mots de sa nouvelle amie. Enfin, elle ne l’était pas encore vraiment, mais elle savait qu’elle allait le devenir.
Elles ne se connaissaient pas encore tant que ça. Pour l’instant elles n’étaient que deux noms sans visage, perdus quelque part dans le grand abîme incompréhensible de la toile.
Cette fois-ci elle ne dirait rien à ses connaissances masculines. Elle ne leur parlerait pas de cette « sa » nouvelle amie. Les hommes ne comprennent jamais que les femmes puissent faire des amitiés, par feeling, par pressentiment, par intuition. Puis, elle a un peu marre de s’entendre dire que les femmes ont des choses une idée légère et volatile, comme si elles étaient éternellement insouciantes et fragiles dans les choses profondes de l’existence.
Certes, elle voulait bien reconnaître qu’il lui manquait l’envie d’envisager les choses avec cette gravité, parfois excessive, que les hommes portent à l’amitié entre eux. Puis il faut croire qu’ils sont d’éternels adolescents, immatures et « coincés », qui ont peur de se lier d’amitié avec les femmes.
D’ailleurs elle était sûre que, même les seuls hommes, à qui elle, par amitié uniquement, faisait encore un peu confiance et à qui elle accordait un peu de crédibilité, ne la comprendraient pas. Alors, autant ne pas leur en parler.
Lila préférait consommer son temps à rêver déjà, comme à son habitude, à cette nouvelle amie, sortie de nulle part, mais qu’elle devinait pleine de promesses, tendresse et de sensibilité, avec laquelle elle se sentait si bien et si proche, comme une presque sœur d’existence.
Une amie qu’elle aurait attendue trop longtemps et que venait combler ce grand vide qu’elle avait chaque fois que l’envie de se confier lui prenait la gorge.
Elle se sentait heureuse, comme si elle venait de découvrir un mot nouveau ou comme si elle venait d’ajouter une rose à son jardin. Quel doux et enivrant parfum était le sentiment d’avoir une nouvelle amie. Enfin, elle ne l’était pas encore, mais elle savait qu’elle allait le devenir. Par la force des choses.
Comment by Armando — 25 mai 2007 @ 9:15