Lali

24 août 2014

En vos mots 385

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

CASORATI (Felice) - 6

Comme jeudi est le jour officiel de la rentrée scolaire des élèves du primaire et du secondaire, j’ai choisi pour ce nouvel En vos mots de vous proposer une scène livresque de circonstance, une toile du peintre italien Felice Casorati.

Puisse celle-ci vous donner envie d’inventer une histoire ou de remonter le fil du temps afin de partager avec nous l’un de vos souvenirs. C’est avec plaisir que nous vous lirons dans sept jours alors que tous les commentaires seront validés en bloc.

D’ici là, bonne semaine et bonne rentrée!

2 commentaires »

  1. Nous sommes venues d’horizons différents. De pays tellement éloignés que, parfois, on ignorait jusqu’à leur existence. Nos pères et nos mères ne se connaissaient pas. Ils ne parlaient pas la même langue. Et pourtant, les années ont fait de nous des sœurs, aussi véritables que celles du même sang.

    Cette année-là, l’été n’avait pas été aussi chaud que nous l’aurions toutes souhaité. La rentrée de classes nous faisait déjà son plus beau sourire lorsque nous vîmes arriver une jeune fille timide et silencieuse. Son regard était empreint d’une solitude aussi profonde que celle que nous avions toutes connue lors de notre arrivée dans ce lieu aussi chaleureux qu’une nuit d’hiver en Alaska.

    Du côté cœur de sa chemise, il était écrit Enach (prononcer énáké). Donc, notre nouvelle sœur portait un nom dont nous ignorions la provenance. Nos premières palabres ont été gestuelles. Maladroites. Enach ignorait tous les mots de notre langue. Nous ne comprendrions aucun de la sienne. Seules sa peur et ses larmes étaient universelles.

    Nous avons fait le serment de lui enseigner, chacune de nous, un nouveau mot par jour. Le premier de tous à été A.M.O.U.R., comme nos prénoms : Aurélie, Marta, Olga, Uma et Roxane, comme dans la chanson de Sting.

    Puis, tant d’autres mots ont suivi. Et avec eux sont venus des sourires. Des confidences. Des silences. Qui ont fait naitre en nous cette force indestructible d’exister au-delà de toutes les infortunes.

    Presque trente ans ont passé depuis ce jour et notre sœur est devenue la Dre Enach. Elle parcourt le monde. Là où les hommes ont brisé à coups de canon leurs rêves d’enfance pour laisser derrière eux une terre vide de tout espoir.

    Et lorsqu’on lui demande pourquoi elle a choisi de risquer sa vie dans des lieux aussi invraisemblables que dangereux, elle répond, chaque fois, avec un sourire énigmatique et apaisé : C’est parce qu’un jour, l’A.M.O.U.R., mais cela serait tellement long à vous raconter.

    Comment by Armando — 31 août 2014 @ 5:02

  2. Dans ce tableau je lisais l’anxiété de ces enfants studieux. Je voyais le remue-méninge des jours et des soirs durant. L’angoisse de réussir pour combler l’exigence de leurs parents. Je sentais l’odeur de la craie, lorsque la brosse effaçait les figures géométriques sur le tableau.
    Mais je n’avais pas su lire l’amour dont parle si bien Armando.

    Comment by LOU — 31 août 2014 @ 12:17

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