Lali

3 mars 2013

En vos mots 308

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

En ce premier dimanche de mars, je vous propose de faire un peu de lèche-vitrine. Le temps d’écrire en vos mots quelques lignes destinées à animer l’aquarelle de Vinayak Deshmukh.

Vous pouvez même y passer la semaine ici. Aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain, comme le veut l’habitude.

Puisse cette scène livresque inspirer habitués et nouveaux envosmotistes!

4 commentaires »

  1. Sévérine. Je crois qu’il me plait de l’appeler ainsi : Sévérine.

    Je n’ai jamais compris où elle habitait exactement. À force d’ignorance, je me suis persuadé qu’elle devait habiter quelque part, après le square. La première fois que je l’ai vue, c’était peu avant le printemps. Depuis, chaque jour, à peu près à la même heure, elle s’attardait à examiner en détail les livres exposés dans la vitrine avant d’entrer et se diriger d’un pas décidé vers l’étrangère des livres soldés. Son choix se portait toujours sur le même livre où elle s’attardait avec intérêt, le temps de quelques pages.

    Puis, elle levait les yeux. Son regard croisait le mien. Elle me souriait. Avant de s’en aller avec le même air mystérieux et du même pas décidé avec lequel elle était entrée.

    J’avoue qu’elle était souvent ma seule visite du jour. À croire que de nos jours les libraires de quartier ont perdu de leur importance. Les gens préfèrent acheter les yeux fermés ce qu’on leur vend froidement à la télévision au lieu de discuter chaleureusement avec ceux pour qui les livres sont une passion avant d’être un commerce.

    Au fil des jours je me suis attaché à cette visite muette, de quelques minutes, mais ô combien agréable et réconfortante. Il m’est même arrivé de regarder ma montre et de m’inquiéter de son retard. Mais elle était là. Belle, silencieuse, mystérieuse et tellement nécessaire à ma condition de libraire.

    Un jour, un client de passage a voulu acheter le livre. « Depuis longtemps que je cherchais cette édition du roman de Joseph Kessel », m’a-t-il lancé avec la satisfaction de ceux qui ont trouvé le trésor qu’ils cherchaient depuis des années.

    Je m’entends encore lui répondre, confus, que le livre était réservé et qu’il se trouvait dans l’étagère, à cause d’un oubli de ma part.

    J’ai à peine entendu ses vociférations et ses plaintes. Tellement j’ai eu peur de perdre, pour quelques sous, ce bien précieux qui rendait Sévérine si fidèle dans ses visites quotidiennes.

    Dehors, fleurissaient les premières odeurs de l’automne. Les arbres s’habillaient de couleurs nouvelles et le vent se faisait de plus en plus dérageant. Bientôt Noël.
    Depuis trois semaines que Sévérine a disparu. J’aurais dû comprendre qu’elle ne reviendrait plus. Elle avait rangé soigneusement le livre sur l’étagère, puis avait caressé doucement, du bout des doigts, le dos du livre, en balayant la librairie de son regard mélancolique et silencieux qui est venu s’accrocher au mien quelques instants. Dans mes souvenirs, elle me semble heureuse. Reconnaissante. Avant de franchir la porte, un dernier regard accompagnait un presque effacé « Merci Monsieur ». Que sa voix était merveilleuse. Elle résonne encore dans ma tête si souvent.

    Voilà. C’est fini. Le dernier tour de clef. Presque cinquante ans d’une vie. Il fallait bien qu’un jour tout cela s’achève.

    Dans ma tête des centaines de livres de toute sorte. Le sourire de Sévérine. Et puis Belle de jour. Pour combler ma solitude.

    Comment by Armando — 6 mars 2013 @ 9:50

  2. DA VINCI cryptographic code

    Des livres de quantas mathématisent tristement.
    Les réductions, en paquets d’onde, tombent du sombre rougeoyant.
    Les postulats briguent aux chenaux comme des lumières noires.
    Des ports font un rêve rempli de visages vides, superposés…

    Supposée, en décohérence, en transe, qui honni pense,
    cherchons une Réalité aux regards sereins qui s’esclaffe,
    en silence, qui s’esclaffe dans le message serein, détendu
    sous l’accent cryptographe, une confidence pour confidents, hors trajet
    (et, de la frontière télégraphe du graphe, Elle s’envoie en l’air,
    sans se taire, sécuritaire, unitaire, aux solutions secrètes qu’Elle a vues,
    entrevues, dans les nues publiques de l’océan du Livre des quantas…).

    Et, de la frontière télégraphe du graphe,
    Elle nous communiquera l’arbitraire des hasards, l’aléatoire statistique, la polarisation intriquée, étriquée, de la Clef.

    Comme celle qui dit à Benett et Brassard : « Vous verrez ! »
    Comme celle qui dit :

    La flèche cupidon de transmission,
    La direction de transformation,
    La convention en action-réaction,
    Nos fatales liaisons,
    Nos préméditations, les prisons de pions.

    Et c’est Elle, en espion, qui écoutera et dira à la source nos photons les plus polissons…

    Comment by Cavalier — 6 mars 2013 @ 10:54

  3. – Tu ferais mieux de t’acheter des dessous sexy, fit I*** en la voyant tomber en arrêt devant la énième librairie.

    Comment by Adrienne — 9 mars 2013 @ 11:03

  4. Elle! Elle aimerait bien se retrouver, rien qu’un instant, devant la vitrine de « Shakespeare and company », juste pour Sylvia Beach, Adrienne Monnier et James Joyce.

    Comment by Pivoine — 27 mars 2013 @ 20:15

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