Lali

13 mars 2011

En vos mots 205

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

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C’est un personnage peint par l’artiste suisse Albert Anker que je vous offre en ce dimanche. Un personnage qui lui ressemble étrangement et qu’on retrouve dans nombre de ses toiles, notamment dans des scènes livresques.

À vous maintenant de nous livrer ses secrets, de nous dire en vos mots ce qu’il évoque pour vous ou de vous mettre dans sa peau. Car, peut-être est-il utile de le rappeler, aucune règle ne s’applique ici. Chacun y va selon ce qu’il ressent. En vers ou en prose. Au moyen d’une citation. Comme il l’entend, comme il ressent les choses.

La suite, nous la connaîtrons dans sept jours exactement et pas avant puisque c’est à ce moment que tous les commentaires seront validés. D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous.

11 commentaires »

  1. LE MORDU DE LA PLUME

    Dans l’humidité malsaine de sa vieille maison,
    Un mordu de la plume écrivait sans relâche
    Des graffitis sans queue ni tête ni raison.
    L’Alzheimer bousillait une partie de sa tâche.

    Il ne comprenait plus ce qu’il venait d’écrire.
    Le vieillard toqué s’acharnait à relire
    Les signes insensés posés à l’encre noire
    Qui s’offraient à ses yeux comme un grand désespoir.

    Comment by Flairjoy — 17 mars 2011 @ 14:09

  2. Antoine relit attentivement la lettre qu’il vient d’écrire à son frère en souhaitant qu’il n’y ait pas de faute d’orthographe.

    Mon cher frère Simon,

    Voilà enfin de mes nouvelles. Je voulais t’écrire plus tôt mais tu sais ce que c’est. Les jours passent très vite et ce ne sont pas les occupations qui manquent dans ma région bordelaise.
    Après le décès de Gisèle, j’ai dû m’occuper de plusieurs affaires.
    Ta présence à son enterrement m’a fait beaucoup de bien. Si tu savais le vide qu’elle me laisse.
    Ce jour-là, nous n’avons pas pu beaucoup parler. J’avais tant de choses à te dire.
    Comme tu le sais, la famille de Gisèle est grande. J’ai hérité d’une grande et belle parcelle et d’un petit vignoble. Seulement voilà, les enfants et petits-enfants ont préféré partir à la ville et entreprendre de études, ce que je comprends très bien. Je me retrouve seul et fatigué. Pour éviter de monter les escaliers dans la maison, je me suis installé dans la salle à manger au rez-de-chaussée. Je me suis créé un coin. Une table me sert de bureau, d’établi. Mes livres et mes papiers sont à portée de main ainsi que des albums de photos. Je les feuillette de temps en temps, le coeur toujours serré en voyant Gisèle si belle et pleine de vie.
    Parfois, je me surprends à sentir couler des larmes.
    Pour chasser l’ennui, je me suis mis à la peinture. Dans ma campagne environnante se trouvent des endroits magnifiques qui se prêtent tout à fait à la peinture. Alors je peins des paysages. Cela me permet de m’évader.
    Te souviens-tu de notre cousine Andrée? Elle habite à deux pas. Elle est gentille et a le coeur sur la main. Malgré son rhumatisme, bien souvent, elle frappe à ma porte et me tend un panier avec le repas du soir. Ces petits plats mijotés sont savoureux. Mes journées s’écoulent ainsi.

    Depuis le décès de Gisèle, j’ai eu le temps de réfléchir. Toi aussi, tu vis seul dans le nord de la France. Alors, je me suis dit pourquoi ne viendrais-tu pas vivre avec moi dans le sud. Le climat est doux et les journées merveilleusement ensoleillées. La maison est bien assez grande. Tu pourrais aussi y apporter tes meubles. On pourrait continuer un beau bout de chemin ensemble. Je vais m’occuper de vendre la vigne et la parcelle. Les deux sont bien placées, dans un cadre idyllique. Il ne devrait pas y avoir de problème. Ce n’est plus de mon âge de partir le matin dans les champs.

    Mon cher frère, j’avais à coeur de t’expliquer tout cela. Réfléchis à ma proposition. Prends le temps.

    J’espère que tout va bien pour toi. Mes pensées s’envolent souvent dans ton nord de la France.

    Mon cher Simon, je t’embrasse et je souhaite que mes mots te parviennent.

    Antoine

    Comment by Denise — 19 mars 2011 @ 12:44

  3. En ce temps-là, Jean avait décroché son certificat d’études après deux années, deux années seulement à l’école.
    Grâce à cela, toute sa vie professionnelle se déroula dans la grande compagnie des Chemins de Fer. Il débuta comme mécanicien sur les michelines, puis accepta de travailler dans les bureaux. Responsable des litiges, réglant les problèmes de livraison ou de casse de marchandises, Jean évolua encore et encore. Acceptant les mutations, les remplacements, les formations, il fut peu présent auprès de sa petite famille.
    Et voilà maintenant il est chef-caissier. C’est une lourde responsabilité, mais il apprécie cette tâche.
    Aujourd’hui, la paye des cheminots s’est déroulée sur toute la journée : cheminots actifs ou à la retraite. A gauche, les noms des employés sur la première page et sur la seconde les retraités. Le détail des sommes sur la colonne du milieu et toute à droite le solde cumulatif. Les chiffres, bien formés et d’une belle écriture ronde, sont bien alignés. Le crayon suit ligne après ligne, et Jean à voix haute additionne à vive allure les dizaines puis les centaines, tout cela en francs… Il reprend les calculs en repartant du fond de la page et en remontant. Double contrôle qui confirme le premier résultat. Pas besoin de calculette, tout est dans la tête. Sa journée est juste. Il range le fonds de caisse dans le coffre et remets la clef au Chef.
    18 heures, Jean ferme la porte de son bureau, sort et enfourche son vélo. Il rentre. Qu’il vente ou qu’il pleuve, Jean circule à vélo.
    Et de mémoire d’homme, il restera le petit bonhomme à vélo… se protégeant de la pluie de son parapluie. Essayez-donc et vous verrez qu’il faut, quand même, un certain talent…
    « En souvenir de Jean, mon petit papa »

    Comment by LOU — 19 mars 2011 @ 16:55

  4. Un jour, un jour peut-être
    Je t’écrirai une lettre
    Plume en sang sur feuille blanche
    Souvenirs d’un vieux dimanche

    J’attendais habillé d’espoir
    Assis dans un petit couloir
    La dame à la robe endimanchée
    Aux cheveux finement bouclés
    Qui me prendrait dans ses bras
    Et me murmurerait tout bas
    Je suis là maintenant
    N’aie plus peur mon enfant

    Et puis j’étouffais mes pleurs
    En murmurant au fil des heures
    Encore un peu et elle sera là
    Encore un peu et elle viendra
    Puis le soleil crèvera les nuages
    L’oiseau s’en ira en voyage
    Et je l’attendais enfant perdu
    Je l’attendais puis c’est tout

    Je l’attendais enfant sage
    Rêvant de partir en voyage
    L’entendre rire un petit peu
    Voir le Tage et les bateaux
    Sentir la douceur de son parfum
    Et puis lui tenir la main
    Pour oublier mes souffrances
    Et ne plus mourir d’enfance

    À l’écriture d’enfant oublié
    À l’encre d’un silence blessé
    Un jour tu sais, un jour peut-être
    Que je t’écrirai une vieille lettre

    Comment by Armando — 20 mars 2011 @ 2:20

  5. Que de plaisir à lire et re-lire vos mots, qui à chaque fois ne manquent jamais de fleurir le parterre de nos émotions! Merci à Flairjoy, Denise, Lou et Armando.
    Mes pensées chaleureuses pour tous

    Comment by Chantal — 21 mars 2011 @ 7:30

  6. Merci pour cet agréable moment ..avec vous , j’ apprends à lire et un peu à écrire..
    Un tout petit faible pour la plume de Flairjoy..:-)
    Belle semaine à tous

    Comment by Mathilde — 21 mars 2011 @ 10:36

  7. C’est toute heureuse que je lis vos mots touchants d’après la magnifique toile que Lali a déposée.
    C’est un grand plaisir de pouvoir venir les lire tranquillement et dans le calme.
    Recevez mes bises printanières Flairjoy, Lou et Armando 😉
    Merci Chantal pour ton gentil mot 🙂

    Un grand merci Lali pour ce gros travail de recherche! Bisous.

    Comment by Denise — 21 mars 2011 @ 10:53

  8. Mathilde, venez nous rejoindre. Cela donne autant de plaisir à lire les textes de nos compagnes et compagnon(s) d’écriture qu’à écrire nous mêmes. N’est-ce pas Flairjoy, n’est-ce pas Denise, n’est-ce pas Armando, n’est-ce pas Chantal ? Et j’allais oublier, n’est-ce pas LOU ? Boh que je suis bête, alors, LOU c’est moi !
    Parfois le texte produit est bof, parfois ça peut aller, et puis parfois alors c’est pas mal, pas mal du tout…. Enfin en toute modestie (bien sûr)…

    Et surtout merci Lali !!!

    Comment by LOU — 21 mars 2011 @ 14:42

  9. Je dirais, pas mal du tout, Lou!
    Le problème, Lou c’est qu’il faut déjà avoir l’inspiration. Et puis, quand parfois, l’inspiration semble être là, je me dis justement… « bof, bof ». Alors, c’est vraiment pas gagné Lou 🙂
    Mais pour faire plaisir à Lali.. à Lou… et autres ami(e)s d’ici, je vais poster le texte sur « En vos mots 200 » . Si Lali veut bien le remettre 😉

    Comment by Chantal — 21 mars 2011 @ 15:59

  10. Pour répondre à LOU je dirais qu’elle a tout à fait raison. Deux grands plaisirs nous attendent dans cette catégorie offerte si généreusement par Lali, celle de lire et celle d’écrire et pour ma part je dois avouer que ces deux actions comblent une bonne partie de ma vie.
    C’est un passe-temps dont je ne me passerais pas 😉

    Pour répondre à Mathilde, je suis vraiment toute rouge de gêne devant votre « petit faible » c’est très gentil de le dire et cela m’incite à poursuivre, car toucher quelqu’un par son texte, c’est le plus beau cadeau qu’on puisse recevoir. Denise et Armando le font régulièrement! Alors MERCI Mathilde et venez vous joindre à nous 🙂

    Comment by Flairjoy — 21 mars 2011 @ 18:34

  11. En effet LOU, tu as entièrement raison et je suis très heureuse que Chantal se soit jointe à nous dans « En vos mots 200 » où j’ai lu un merveilleux texte.
    Merci de tout coeur Chantal 🙂

    Mathilde, ce serait un grand plaisir de vous lire également 😉 Comme le disent LOU et Flairjoy, venir dans cet espace que Lali nous offre n’est que bonheur… pour lire et écrire! A bientôt.
    Mes amitiés 🙂

    Bonne journée à vous les amis du pays de Lali.

    Comment by Denise — 22 mars 2011 @ 8:35

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