En vos mots 187
Nous voici à nouveau dimanche. Le premier de novembre, à l’heure où nous avons reculé montres et horloges cette nuit. À l’heure où le soleil s’est levé plus tôt et où il va aussi aller au lit plus tôt. À l’heure où certains, devant leur bol de café, parcourent les pages du journal afin de savoir ce qu’ils feront de ce dimanche, comme semble être le cas de cette lectrice peinte par Adrian Tans. Une lectrice pour le moment sans histoire. Une lectrice qui attend que vous lui inventiez une vie. Une lectrice qui attend vos mots, lesquels patienteront jusqu’à dimanche avant de vous être livrés en bloc. Une toile qui n’attend que vous pour déployer ses ailes.
Puisse la lectrice de ce dimanche vous inspirer quelques lignes… Suite la semaine prochaine!
Puisque c’est dimanche, Françoise est à la maison et le sera toute la semaine prochaine. Elle a pris congé. Non, elle n’est pas malade. Sa préoccupation est de trouver un nouvel appartement, plus grand pour sa fille et elle. Après avoir occupé son petit deux pièces pendant dix ans, il lui faut plus de place et surtout une chambre pour sa fille Mélissa.
Seulement voilà, Françoise s’est inscrite auprès de plusieurs régies déjà et à chaque fois, on lui dit: Il faudra de la patience Madame mais au cas où, nous vous inscrivons sur notre liste. Bien sûr, l’espoir est mince. Elle sait très bien que les appartements ne tombent pas du ciel mais elle s’est dit qu’il était temps pour sa fille d’avoir une vie meilleure. La petite a commencé l’école à quatre ans et maintenant à dix ans, Mélissa a besoin de plus de livres donc plus de place et une pièce convenable pour faire ses devoirs. C’est une élève studieuse et à la maison, elle pose beaucoup de questions à sa maman qui travaille dans le journalisme. Mélissa est curieuse de tout ce qui fait le bonheur de Françoise.
Donc, ce matin, Françoise a ouvert son journal et quelle ne fut pas sa surprise de lire une toute petite annonce entre la machine à laver d’occasion et une salle à manger en parfait état.
L’annonce disait ceci: A louer, appartement de trois pièces spacieuses, tout confort, avec petit jardin près du centre de la ville. Loyer très abordable. Veuillez téléphoner pour la visite.
C’est ainsi que lundi matin, Françoise s’est levée très tôt pour téléphoner et le rendez-vous fut pris pour l’après-midi déjà.
Arrivée sur place, ce fut le coup de coeur. L’appartement était celui de ses rêves. Grand, clair et la cuisine joliment agencée. Le jardin n’était pas grand, juste ce qu’il fallait avec deux magnifiques rosiers. Toujours sur son petit nuage, Françoise réalise qu’elle n’a pas encore demandé le prix du loyer au propriétaire.
Au fait, Monsieur, combien demandez-vous par mois pour l’appartement? Le prix était bien inférieur à ce que Françoise s’attendait. Elle pouvait se permettre de payer le loyer.
Très bien Monsieur, je le pends!
Vous verrez Madame, vous y serez bien avec votre fille. L’endroit est calme. J’ai vécu des moments magnifiques avec ma fille, qui maintenant fait des études d’avocates.
Je vous souhaite tout le meilleur pour vous deux.
Une fois le bail signé, Françoise prend congé du propriétaire. Elle pourra emménager sans se précipiter. Cet homme est absolument charmant, se dit-elle.
Sur le chemin du retour, Françoise s’arrête dans une pâtisserie, la plus renommée de la ville et commande un superbe gâteau qu’elle se fera livrer à la maison pour fêter l’évènement avec sa fille chérie. Elle demande au pâtissier d’inscrire sur la gâteau « Mélissa, ta maman qui t’aime » avec une rose en massepain, petit clin d’oeil aux rosiers du jardin. Toutes les deux auront de beaux projets à partager. C’est en chantant et le coeur léger que Françoise rentre à la maison avec un très gros poids en moins sur ses épaules.
Comment by Denise — 13 novembre 2010 @ 16:21
Il y a eu comme une admiration, suivie de la mélancolie d’une voix familière, qui lui est venue comme un murmure tendre.
Puis, le souvenir détaillé du jour où elle l’avait entendue la première fois. Chez des amis où la conversation était d’un ennui mortel et que sa voix, en fond, murmurait une mélodie entrainante et tendre, mais qui n’intéressait personne.
Elle se rappelle avoir fermé les yeux le temps de se laisser engloutir par ces quelques vers « Je reprendrai la route, le monde m’émerveille, j’irai me réchauffer à un autre soleil », qui lui avaient perlé le regard, qu’elle avait aussitôt dissimulé avec l’excuse que la fumée lui avait brulé les yeux.
D’ailleurs cette nuit-là, après avoir lu dans le Sunday Globe qu’il y avait plus de 20 ans que Barbara avait disparu, elle est rentrée chez elle et après s’être servi un verre de vin, s’est assise face aux étoiles et, sur un fond de Barbara, elle a été transportée dans les souvenirs et les rendez-vous manqués de sa vie depuis ce soir-là, où tant de choses avaient disparu et tant d’amis l’avaient abandonnée, sans jamais effacer le souvenir de la première fois qu’elle l’avait entendue.
L’aube pointait le bout de son nez lorsque le sommeil a pris Claire par la main. La voix de Barbara s’envolait toujours, dans un air si familier, entendu tant et tant de fois…
Au printemps, tu verras, je serai de retour,
Le printemps, c’est joli pour se parler d’amour,
Nous irons voir ensemble les jardins refleuris,
Et déambulerons dans les rues de Paris
…
Comment by Armando — 14 novembre 2010 @ 6:42
Cher Joan,
Ne me demande pas ce que j’ai lu ce 6 mai alors que j’étais venue comme je le fais depuis tant de jours, m’asseoir derrière la grande baie vitrée du bistrot de Pierre … Aucune nouvelle n’a pu retenir mon attention ! D’abord il y a eu à la table toute proche de la mienne, deux femmes, qui à force de murmurer ce qu’elles s’échinaient à soustraire à mes oreilles, ont rendu leurs chuchotements assourdissants ! Et puis, mon vieux compagnon de solitude a choisi ce moment pour briser la glace. Crois-tu qu’il aurait attendu me voyant à priori absorbée par ma lecture ? non … Le voilà qui s’approche, d’un pas qu’il veut le plus assuré possible, le voilà qui s’incline avec un sourire désarmant, se présente et me lance, charmeur et amusé « je crains fort que les nouvelles ne soient plus très fraîches déjà … je vous offre un café ? » J’ai posé mon journal ouvert sur le guéridon, avec un secret espoir de pouvoir y revenir très vite … et j’ai souri. Oh bien maladroitement au début. Je le sais, mon sourire dans ces cas là se fige toujours un peu … Mais son sourire immense et son regard franc ont fait tomber mes dernières réticences. Et j’ai souri, à nouveau, mais en grand. Et tout a été si simple ! Il a un talent fou pour dire simplement ce qu’il aime, un talent fou pour rendre la moindre conversation passionnante, sans faire étalage, sans forcer le trait, simplement en étant attentif et discret et plein d’esprit… même le foot a l’air formidable quand il me raconte , c’est tout dire n’est ce pas ?! Je bénis le soleil du jour qui l’a fait quitter le zinc où il s’accoude toujours, je bénis mes « charmantes » voisines qui m’ont fait lever les yeux de mon journal … Un moment pas ordinaire, les courses hippiques, la politique, et les frasques des célébrités peuvent bien s’encrer au jour, je garde ces délicieuses heures précieusement, … et je chéris ce jour pour l’ami en cadeau !
Bien à toi
Alexandrine
Comment by Chris — 14 novembre 2010 @ 7:53