En vos mots 184
Qui est-elle? Qui attend-elle? Qu’espère-t-elle? Voilà quelques-unes des questions suscitées par la toile de Sergei Arsenevich Vinogradov et autant de pistes pour écrire quelques lignes, que ce soit votre première expérience à titre d’envosmotiste ou que vous soyez un habitué de longue date. Car tel est le but : laisser parler la toile et dire en vos mots ce qu’elle évoque.
Les commentaires seront emmagasinés jusqu’à dimanche prochain afin que chacun puisse écrire en toute liberté sans avoir lu ce que les autres ont « pondu ». Pour vous donner une idée de l’imagination des uns et des autres, je vous invite d’ailleurs à lire les mots qu’ils ont déposés sur la toile de dimanche dernier.
Donc, pour faire plus ample connaissance avec la lectrice de ce dimanche, rendez-vous dans sept jours à la même heure!
Mon coeur calme-toi. Reprends ton rythme.
Oui je sais, c’est une si belle journée. Il fait soleil. L’air est si doux.
Allons regarde le jardin. Regarde, les boutons de roses se forment. Regarde, comme le Pierre de Ronsard s’annonce magnifique cette année. L’olivier a fleuri.
Calme-toi ma belle. L’émotion peut être si forte qu’elle peut faire mal.
Allons ouvre tes yeux, ouvre ton coeur, accueille tout cette beauté, ce calme. Les oiseaux chantent. Le renouveau de la nature t’appelle.
Respire doucement, reprends la lecture de ton livre. Détends-toi.
Comme il fait bon vivre, et pourtant comme il serait doux de mourir là, maintenant.
Comment by LOU — 19 octobre 2010 @ 14:48
SANS VIRGULE
Une pensée passe par la tête
Une pensée passe par la fenêtre
Une pensée passe par le temps
Portée par le vent
Flairjoy
Comment by Flairjoy — 20 octobre 2010 @ 7:41
« ‘L’inexprimable
La vallée dans la montagne était si belle que je n’ai pu la dire. Elle était « la forme sans forme et l’image sans image », le premier souffle, le premier vert, la première tendresse végétale.
Mais peut-être le sentirez-vous ce vif de l’air, rivière transparente, passant sur nos oreilles, sur les feuilles nouvelles-nées, sur les aiguilles de pins et sur ces corolles sauvages.
A la grâce des oiseaux… Et cet arbuste géant dont jamais je ne saurai le nom, porteur de houppes blanches au long des eaux du torrent?
Cette eau violette, mieux que limpide, sur laquelle je me penche et qui creuse le roc. C’est la forêt serrée, obscure, toujours vieille et fraîche, où se sont perdus nos instincts.
Et ces prés en terrasse où neigent les abricotiers, et cette pyramide de terre romaine, et ces marches penchées des vignes. Et les bouleaux sur ce clocher d’église. Mais taisons-nous, arrêtons-nous, avant que tout s’évanouisse!
L’illusion est faite de nos désirs. »
Texte de S. Corrina Bille (Cent petites histoires d’amour)
Virginie, assise devant la fenêtre ouverte, vient de lire ce magnifique texte et tient encore le livre sur ses genoux. C’est un livre de son amie qu’elle a découvert dans sa bibliothèque.
Elle fait une pause en regardant la nature et en pensant encore aux mots qu’elle vient de lire et qui tournent toujours dans sa tête.
Virginie est en convalescence chez une amie qui habite un joli chalet dans le Valais à la montagne. Le bon air lui redonne chaque jour les forces nécessaires pour reprendre son métier d’anesthésiste à Bordeaux.
Son amie lui a dit: Ici, c’est chez toi. Profite du chalet, de ma bibliothèque et surtout n’oublie pas de sortir, respire l’air de la montagne, flâne sur les beaux sentiers et le soir, lorsque je rentrerais de mon travail, toi et moi aurons beaucoup de choses à nous raconter et je te concocterais de bons petits plats qui te redonneront l’énergie dont tu as besoin.
Virginie profite de tout. Elle aime tant la montagne, les promenades avec le chant des oiseaux, marcher sur les aiguilles de sapins et sentir les fleurs des champs dont elle fait de jolis bouquets qu’elle dispose sur la table pour son amie.
Son beau visage est légèrement bronzé et ses joues ont retrouvé leur belle teinte.
D’ici une semaine ou deux, elle retournera à Bordeaux en faisant la promesse à son amie, de venir lui rendre visite au moins deux fois par année et Florence fera de même.
Virginie et Florence se sont connues à l’âge de dix ans en France et depuis, ont toujours correspondu, se sont toujours téléphoné.
Une telle amitié est vraiment précieuse et Virginie en est parfaitement consciente. Les jours de convalescence qu’elle passe chez son amie lui apportent un grand soutien et la lecture de ce texte si vrai lui redonne confiance.
Oh oui! Je me sens bien maintenant et tout cela grâce à la présence de Florence, à son hospitalité, son amitié . Tout cela n’est que bonheur et bienfait…
Mon coeur te dit, merci Florence.
Comment by Denise — 22 octobre 2010 @ 15:45
Comme une étrangère, Nathalie était restée à l’écart du cercueil d’Antoine, l’homme qu’elle avait tant aimé. Personne ne lui avait adressé un mot ni un moindre signe de réconfort. Et les regards posés sur elle avec insistance étaient si aigris et méprisants qu’elle avait décidé de ne pas leur faire le plaisir de leur offrir la douleur de ses larmes.
La voix monocorde et sans âme du prêtre de la famille vomissait des prières auxquelles personne ne semblait attacher la moindre importance. Ils se regardaient tous les uns les autres, en échangeant des signes courtois de la tête, comme pour s’assurer que leur présence avait été remarquée. Faut dire que le père d’Antoine était un homme influent et que la richesse le rendait puissant. Pour certains, sa parole était plus forte et plus respectée que celle de l’Évangile.
Nathalie se souvenait du moment précis où Monsieur Frédéric avait dit à Antoine, son fils, avec son autorité coutumière dans la voix : « C’est moi et ta famille ou « elle »… »
Antoine avait regardé son père un moment, puis esquissé un mot inaudible, avant que des larmes se mettent à couler pudiquement de ses yeux. Puis, d’une voix faible et tremblante, la gorge noyée par la douleur, Antoine lui avait dit : « Adieu Papa! » Ils ne s’étaient plus parlé depuis… huit ans, jour pour jour…
Et la voilà qui dévisage à nouveau celui qui, par orgueil ou par bêtise, s’est privé de son fils, un être merveilleux, qui avait comblé son existence d’un bonheur qu’elle n’aurait jamais pu imaginer et qu’un stupide accident de la route lui avait volé.
Perdue dans sa douleur et ses pensées, Nathalie avait été saisie quand la voix frêle et timide d’une jeune femme, pleine de retenue l’avait interpellée : « Bonjour, je m’appelle Sarah… je suis la sœur d’Antoine… » avant qu’un long silence suspendu par leurs regards ne s’installe. Puis, au bout d’un moment, la jeune fille avait respiré profondément avant de poursuivre : « Vous savez, mon père a pleuré tous les jours… son fils lui a tant manqué… il voulait tant vous demander pardon mais il n’a jamais su comment s’y prendre… »
Nathalie avait levé les yeux en direction du père d’Antoine et observé un court instant cet homme bouffé par les remords et le chagrin, puis, le regard triste, avait murmuré à Sarah : « Dites-lui que je lui ferai parvenir toutes les affaires d’Antoine… Ça pourra peut-être l’aider et le soulager un peu… »
« Mais non, lui avait rétorqué Sarah, ne donnez pas tout, gardez quelque chose… »
Nathalie avait presque eu envie de la prendre dans ses bras et de lui murmurer : « Le jour où vous aimerez quelqu’un vous découvrirez que je garde l’essentiel », mais au lieu de celle, elle lui avait dit : « Mais pourquoi ne passez-vous pas, un de ces jours, prendre les affaires d’Antoine? »
Un bruit de claquement de porte de voiture a interrompu la lecture de Nathalie alors qu’un soleil généreux d’automne lui caressait le visage. Une voix est montée jusqu’à l’appartement « C’est ici, au troisième étage… ne m’attendez pas… je vais en avoir pour longtemps… » Nathalie a reconnu la voix de Sarah.
Comment by Armando — 23 octobre 2010 @ 5:50
Je n’ai jamais rêvé d’être ailleurs,
Jamais. Et malgré la rudesse de ce pays
J’en aime la rigueur, le froid et les silences
Qui mettent dans les cœurs douceur et tendresse
Et tout au fond des yeux de grands feux assoupis …
Je n’ai jamais rêvé d’être ailleurs,
Mais il y a ces jours trop lourds, et ces heures sombres
Où mes désirs viennent heurter tes ombres
Et réveillent dans mes mains des caresses oubliées
Suspendues, inutiles…
Je ne rêve jamais d’être ailleurs tu sais
Et quand mes heures se font plus douces
Quand la chambre à l’étage se laisse inonder de soleil
J’ouvre la fenêtre, je tire une chaise dans la lumière
Et je m’assieds
De mon livre ouvert, je ne lirai que quelques lignes
Le soleil fera le reste : graver sur chaque grain de peau
Ce bonheur indicible, d’être ici, d’être là
Ce bonheur imbécile d’être de ton pays
D’être de cet endroit …
Comment by Chris — 23 octobre 2010 @ 14:24
J’aime vos mots, c’est toujours une grand plaisir le dimanche de les découvrir. Chacun a son interprétation d’après la toile que Lali a déposée. C’est un grand bonheur.
Merci LOU, Flairjoy, Armando et Chris!
Un grand merci à toi Lali de nous offrir cet espace où nous pouvons nous exprimer 😉
Bisous à vous tous et surtout une très bonne semaine!
Comment by Denise — 24 octobre 2010 @ 14:44