En vos mots 182
Comme a l’air pensif le lecteur peint par l’artiste Giorgio de Chirico! Est-ce ce livre qui a cet effet sur lui ou aurait-il tout simplement perdu ses mots? Si tel est le cas, à vous de les lui redonner, de nous raconter son histoire ou ce que cette scène évoque pour vous, puisque ce tableau est à vous pour une semaine, puisque tel est le but de la catégorie En vos mots : écrire à partir d’une toile.
Puisse le lecteur de ce dimanche vous inspirer quelques lignes, lesquelles nous lirons dans sept jours au moment de la validation de tous les commentaires et de l’accrochage d’une nouvelle toile.
D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous!
L’ANALPHABÈTE
L’obsession de sa vie:
Un livre sur sa table de nuit,
Toujours le même qu’il n’a jamais ouvert;
Et s’il l’ouvrait, il ne saurait même pas qu’il est à l’envers.
Flairjoy
Comment by Flairjoy — 4 octobre 2010 @ 6:23
Le silence est descendu sur ta vie et tu rentres seul, image en contre-jour perdue dans la couleur pâle d’un jour fatigué posé comme une caresse sur les feuilles d’un automne juvénile.
Un regard sans un sourire par la fenêtre accompagné d’une gorgée de café avant de me prendre délicatement et amoureusement entre tes mains.
Je sens l’odeur de ton haleine. J’observe tes sourires. Le pli de tes sourcils. La couleur verte de tes yeux. Le tremblement de tes mains. Tu es ému. Une larme voyage dans l’univers de ton visage avant de s’éteindre au coin de tes lèvres roses et humides. J’entends battre ton cœur au cœur de la nuit.
Depuis des heures que nous sommes ensemble. En silence. Tu te bats contre le sommeil. Tu voudrais encore de moi. Mais voilà que tu t’endors…
Je suis le mot. Rien que le mot.
Demain matin, lorsque j’aurai refermé la rivière de mon encrier et que j’aurai tu ma plume, j’irai m’asseoir sur le banc, près de l’étang où tu passes chaque matin, l’air rêveur et pensif, où je deviens pour quelques heures ce faiseur de mots que tu croises sans un regard.
Comment by Armando — 7 octobre 2010 @ 11:21
Antonio est un époux et un père exemplaire. Sa nuit fut courte, il s’est levé très tôt bien avant que le soleil ne caresse les rideaux.
La journée, il passe quelques moments avec Jana et ses deux fils. Il leur apprend à lire, à peindre et répond à beaucoup de « pourquoi papa » sans jamais s’irriter. Jana est aux anges lorsqu’elle voit une si belle harmonie.
En fin de journée, Antonio retourne dans son atelier de peinture. Ces toiles sont magnifiques et Jana le félicite à chaque fois, l’encourage. Il se dégage de ses toiles beaucoup de douceur et dans quelques semaines Antonio ira accrocher ses merveilles dans une galerie qu’un ami lui prête. Il se réjouit de ce vernissage mais il est également un peu anxieux. Pourvu que mes toiles plaisent se dit-il? Jana le mérite tout autant que moi.
C’est pour cette raison qu’Antonio ne dort pas beaucoup. Toutes ces toiles doivent être prêtes. Le temps presse.
Chaque jour qui passe, il se dit être un homme heureux et qu’il a beaucoup de chance avec Jana qui ne le voit, en fait, pas beaucoup. Lorsqu’il la regarde, son coeur bat toujours aussi fort et il l’admire pour sa beauté, sa gentillesse, son intelligence et sa compréhension.
Ce matin là, devant la fenêtre ensoleillée, Antonio avait besoin de lire le merveilleux poème de Charles Cros et encore plus, il aurait voulu écrire comme ce poète…
A ma femme endormie
Tu dors en croyant que mes vers
Vont encombrer tout l’univers
De désastres et d’incendies ;
Elles sont si rares pourtant
Mes chansons au soleil couchant
Et mes lointaines mélodies.
Mais si je dérange parfois
La sérénité des cieux froids,
Si des sons d’acier et de cuivre
Ou d’or, vibrent dans mes chansons,
Pardonne ces hautes façons,
C’est que je me hâte de vivre.
Et puis tu m’aimeras toujours.
Éternelles sont les amours
Dont ma mémoire est le repaire
Nos enfants seront de fiers gars
Qui répareront les dégâts,
Que dans ta vie a fait leur père.
Ils dorment sans rêver à rien,
Dans le nuage aérien
Des cheveux sur leurs fines têtes ;
Et toi, près d’eux, tu dors aussi,
Ayant oublié le souci
De tout travail, de toutes dettes.
Moi je veille et je fais ces vers
Qui laisseront tout l’univers
Sans désastre et sans incendie ;
Et demain, au soleil montant
Tu souriras en écoutant
Cette tranquille mélodie.
Comment by Denise — 8 octobre 2010 @ 10:46
Jugulaires
L’Homme… tu lis, qui
Tient ta classe,
En haut de tes cils sourds
Qui veillent.
Macho man éclairé,
Pas tributaire, circulaire,
En jugulaires du néant d’air.
Oui, qui,
Noir, sombre,
Sourcilleux, ténébreux,
Sur ta tête, qui
Si loin étincelle.
Ô toi, l’Homme… qui
Porte ta lecture
Auprès de nous,
À nos pieds,
Contre les flèches ardentes de nos avoirs…
Comment by Oxy — 10 octobre 2010 @ 6:51
Il y a autant de mots et de regards posés sur une même toile que cela devient fascinant. Dommage que cette rubrique reste encore trop confidentielle…
Comment by Armando — 10 octobre 2010 @ 8:04
C’est un grand bonheur chaque dimanche de venir lire ces merveilleux textes comme le dit Armando…
« Il y a autant de mots et de regards posés sur une même toile que cela devient fascinant »
Merci Armando et bon dimanche à vous Flairjoy, Oxy et Armando 😉
Mes bises s’envolent…
Comment by Denise — 10 octobre 2010 @ 8:46
Je vous admire tous d’écrire ainsi. Viendra peut-être un jour où je pourrais laisser des mots sur du papier.
Comment by LOU — 10 octobre 2010 @ 13:25
LOU, je sais que tu le peux et quel plaisir de te lire 😉
Amitiés
Comment by Denise — 10 octobre 2010 @ 14:23
J’admire vos écrits aussi, et, je ne manque d’essayer mais pour l’instant, l’esprit écrit la nuit, et, le jour rien ne vient.. j’espère un jour y parvenir. bravo à vous tous.
Comment by yza — 11 octobre 2010 @ 15:55
Merci yza pour ces gentils mots 😉
Comment by Denise — 12 octobre 2010 @ 5:40