En vos mots 183
Comme chaque dimanche, une toile est proposée à votre regard, à votre imagination, à vos mots. Pour qu’elle puisse vivre hors de son cadre, pour lui donner des ailes.
Puisse cette jeune lectrice de l’illustrateur Alex Pelayo inviter les habitués d’En vos mots tout autant que ceux et celles qui auraient eu envie de le faire avant sans oser poser le geste jusqu’ici d’écrire quelques lignes. Juste pour le plaisir. Pour le partage.
Tous les commentaires, comme le veut l’habitude, seront validés dimanche prochain, mais d’ici là il vous est possible de voir ceux qui ont nourri la toile du 3 octobre pour vous donner une idée de l’imagination des uns et des autres.
Bonne lecture, bonne écriture et à dans sept jours pour la suite!
LA LECTOMANE
Derrière elle, dans le parc, une vie simple bat son plein.
Le vent secoue les arbres. Un homme a du chagrin.
Le chien arrose le socle d’une statue hautaine.
Un enfant à vélo répète la même fredaine:
« Lis, lis, lis et plisse les sourcils.
Tourne, tourne, tourne les pages du récit.
Cherche, cherche, cherche un trésor enfoui.
Peine perdue, car…il n’est pas ici! »
Flairjoy
Comment by Flairjoy — 12 octobre 2010 @ 7:07
Malgré la fureur du vent, il me semblait que j’entendais des larmes. Au loin. J’ai regardé tout autour et, dans un premier temps rien de particulier n’a attiré mon attention, jusqu’à ce que je remarque la petite fille, seule, au milieu du jardin, feuilletant un livre dont jaillissait une petite mais intense lumière.
Lentement je me suis approché. Intrigué.
-Bonsoir, lui ai-je lancé…
-Bonsoir, tu vas bien?…
-Comment « Tu vas bien »?… Tu me connais?…
-Mais oui que je te connais.
-Ah bon?… Et moi?… Est-ce que je te connais?…
-Mais oui… m’a t ‘elle répondu avant que quelques rires se mélangent à la furie du vent.
-Alors?… Tu vas me dire qui je suis?… Puisque tu me connais….
De nouveau, des rires se sont envolés….
-Bon alors, tu ne veux pas me le dire?…
-Mais si… tu es le monsieur qui a consolé les larmes de François quand il avait mal aux dents, celui qui a raconté une histoire à Margaux quand elle était trop triste et qui a soigné Sarah quand elle est tombée de la balançoire….
J’ai souri à mon tour…
-Et c’est tout?… lui ai-je demandé.
Son visage c’est assombri et la petite fille a poursuivi…
-Tu es aussi le monsieur qui a marché sur les jouets de Jadila, brûlé la maison de Mohamed, tué le père de Kynon…
-Mais c’était la guerre… Je ne suis que ça…
-Je sais, m’a répondu la petite fille… Tu es aussi celui qui apporte des jouets chaque année à tous les enfants et celui qui soigne tant de maladies.
-Tu sais combien j’aime les enfants.
-Tu dois aimer tous les enfants, même quand tu fais la guerre. Ne l’oublie jamais.
Puis elle a de nouveau baissé les yeux et a recommencé à feuilleter son livre dont jaillissait une petite mais intense lumière.
Je suis parti et je l’ai laissée là, au milieu du jardin. Malgré la fureur du vent. Et il me semblait que j’entendais des larmes. Au loin. Très loin. Elles venaient de mon cœur.
Comment by Armando — 14 octobre 2010 @ 9:46
Sorella a pris le petit panier que sa maman a rempli avec amour. Elle y a mis un petit pain au lait, un carré de sucre, une pomme d’Api et une jolie serviette bleue brodée de la lettre S.
Sorella est allée tout près de sa maison lire le livre offert par Lali pour son anniversaire.
A Catania, l’Etna est omniprésent, il lance régulièrement son panache blanc. Mais là, aujourd’hui, la lumière du soleil se cache,le vent se lève. Mamita a du mal à avancer, ses jambes ne peuvent pas lutter contre ce souffle. D’ailleurs les arbres ploient également.
Mais sur cette île, nul ne s’effraie. Ce volcan est là depuis tant de temps. Et Sorella se plonge dans ce joli conte racontant l’histoire de Pompéi. Le vent, complice, lui tourne les pages, suivant son rythme de lecture.
C’est l’heure du goûter, le petit pain au lait est si bon accompagnant la pomme. Julia appelle : « Sorella, ma puce, il est l’heure de rentrer. Demain, il faut retourner à l’école et se coucher de bonne heure ».
Comment by LOU — 15 octobre 2010 @ 9:22
Ce mardi matin, Corinne a cours de français mais avant de partir à l’école, sa maman tient à la coiffer en lui faisant six jolies petites queues attachées par des clips de couleur. C’est sa coiffure des jours de grands vents sinon Corinne serait toute ébouriffée.
Maman, penses-tu que j’aurais une bonne note pour ma dissertation?
Bien sûr ma chérie. J’ai lu et je trouve ton sujet formidable sur le « Monde des fourmis »!
Il est l’heure Corinne, n’oublie pas tes lunettes et sois prudente en traversant la rue.
Oui maman, merci pour tout et à toute à l’heure!
Arrivée en classe, Corinne s’assied silencieusement et attend avec ses camarades l’arrivée de leur professeur. Tous ces élèves de douze ans sont un peu anxieux car à tour de rôle, ils devront prendre place devant la classe et raconter, comme une histoire, leur dissertation.
Le coeur de Corinne bat un peu plus fort que les autres jours. C’est la première fois qu’elle devra s’exprimer devant ses camarades.
Trois élèves ont déjà raconté leur récit.
Le professeur se lève. Corinne, c’est à toi. Viens nous expliquer le sujet que tu as choisi.
Les jambes un peu flageolantes, Corinne se dirige vers le professeur, lui remet son dossier jaune et se retourne devant la classe. Elle se dit que c’est impressionnant de voir tous ses camarades devant elle.
Bon, je me pince pour me réveiller se dit-elle et je commence.
Tout d’abord, merci d’assister à ma dissertation. Je vais vous parler du merveilleux « Monde des fourmis ».
J’ai pris beaucoup de renseignements, j’ai beaucoup lu et pris énormément de notes. Pour finaliser ma dissertation sur les fourmis, je suis allée avec mes parents au Muséum d’histoire naturelle de la Ville de Genève. Au travers d’une vitre, j’ai vu une énorme fourmilière, j’étais stupéfaite et fascinée de voir tout le travail qu’elles accomplissaient. Je n’en croyais pas mes yeux. Et….
Plus Corinne parlait, plus elle se sentait à l’aise. Elle a raconté dans le détail l’extraordinaire travail des fourmis. Ces camarades l’écoutaient bouche-bée.
Je vous remercie de votre attention et je termine par un proverbe indien qui me plaît:
« Pour la fourmi, la rosée est une inondation ».
Corinne retourne à sa place pendant qu’une autre élève se dirige vers le professeur.
Ouf! Corinne se sentait soulagée et était impatiente de lire la note et la remarque de son professeur inscrites au bas de sa dissertation. Avant que la cloche ne sonne, le professeur distribue les écrits aux élèves. A seize heures, c’est la sortie pour tous. Corinne prend son cartable et coure aussi vite qu’elle le peut pour retrouver son coin où elle sait que personne ne viendra la déranger. Un endroit à l’abri du vent. Elle monte sur la colline. Le vent est si fort que les arbres se plient, un monsieur doit marcher la tête en avant pour avancer, un enfant fait de l’équilibre sur un mur en tenant son chien en laisse tandis que le jeune cycliste ne fournit aucun effort puisqu’il a le vent dans le dos. Tout cela est bien drôle se dit Corinne!
Elle dévale la petite colline et s’assied dans l’herbe. Enfin seule! De son cartable, elle sort fiévreusement son joli dossier jaune, l’ouvre à la dernière page, la trentième et voit inscrit en rouge:
Toutes mes félicitations Corinne pour ce travail parfaitement accompli. Je suis fier de toi.
Ta note est 6 sur 6. (Ton professeur de français)
Oh, oh… mais c’est formidable, il faut que maman le sache…et la voilà repartie en courant!
Comment by Denise — 15 octobre 2010 @ 11:30
Ballade pour un poète
Compter les pieds
Battre la mesure
Et faire chanter
La moindre césure
Déguster les impairs
Souffler les métaphores
Enrichir chaque vers
Scander les anaphores
Pour un alexandrin
Fuir l’enjambement
Voir éclore un quatrain
Magique agencement
Egratigner l’épigramme
Mettre au clou le fabliau
Et choisir calligramme
Pour rire du rondeau
L’élégant acrostiche
Offre rimes embrassées
Et le souriant pastiche
De joyeuses croisées
Le vent qui martyrise
Les pages du carnet
N’aura aucune prise
Sur les frêles couplets
Notre jeune poète
Réinvente la vie
Mettant de l’or au mètre
Au rythme de sa poésie …
Comment by Chris — 17 octobre 2010 @ 5:24
Hummm… de belles lectures et le club s’agrandit avec LOU et puis, il y a une lumière qui revient éclairer cette rubrique. Et Denise. Et Flairjoy… imperturbables et fidèles de la première heure… et puis, l’autre, qui s’incruste… tout va bien, donc.
Comment by Pépé — 17 octobre 2010 @ 8:09
Merci Pépé pour tes gentils mots 😉
Comme il est agréable de venir le dimanche lire vos mots. C’est du bonheur.
LOU, je suis très heureuse de lire ton beau texte. Tu as bien fait de venir agrandir le groupe. Bravo 😉
Flairjoy, Armando, LOU, Chris et Pépé, je vous souhaite un très doux dimanche.
Mes bisous s’envolent vers vous 🙂
Comment by Denise — 17 octobre 2010 @ 9:23
Bravo! Chris et LOU se joignent à nous!
Comment by Flairjoy — 17 octobre 2010 @ 9:30
Tout va bien oui … 😉
Un bonheur de plus à mon dimanche : avoir pu déposer mes mots et vous lire !
@mitiés à tous
Bises pour Lali et son bel espace ouvert
Comment by Chris — 17 octobre 2010 @ 13:19
J’ai pris un très grand plaisir à raconter cette historiette. Le même plaisir que me procurait la peinture.
J’essaierai de renouveler tout comme je ressortirai bientôt mes pinceaux et ma boîte d’aquarelle.
Merci à vous de m’accueillir si gentiment….
smac smac smac smac…….
Comment by LOU — 17 octobre 2010 @ 14:20
Bravo à tous!
J’aime particulièrement le texte de Flairjoy qui est superbement en adéquation avec la peinture, qui aide même à lire la toile. Waouw! Mais sinon, bravo à tous!!!!!
Comment by Christiane — 18 octobre 2010 @ 7:18