En vos mots 170
Une scène qui se déroule dans un musée, alors qu’une lectrice, au milieu de fins connaisseurs ou de simples visiteurs, est en train de lire. Telle est la scène, peinte par l’artiste Elaine G. Coffee, qui s’offre à vous en ce dimanche.
Il ne vous reste plus qu’à la raconter, qu’à lui donner un ton, qu’à la faire vivre, qu’à nous livrer ce qu’elle évoque pour vous. En toute simplicité. En vos mots. Comme certains le font toutes les semaines alors que d’autres s’y appliquent ponctuellement.
Suite dans sept jours au moment de la validation de tous les commentaires reçus.
D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous!
J’avoue que j’ai toujours eu un vif mépris pour tous ces fantômes parfumés à l’eau de Cologne, qui s’en vont dans les musées et analysent les toiles avec la même précision et la même rigueur qu’un médecin légiste s’intéresse à un cadavre.
« Ici, mon cher, dit l’un, l’air convaincu qu’un nuage de connaissance s’échappera de son haleine, ici mon cher, disais-je, nous avons le fauvisme dans son expression la plus pointue. Ça tient de quelque chose de Braque qui laisserait Matisse pantois… »
Plus loin j’en entends un autre, aussi semblable qu’on dirait des clones sortis du même moule ridicule, qui parle du symbolisme en s’offrant du Segantini et et du Simberg, auxquels il s’empresse de joindre Les fleurs du mal et autres Apollinaire, Rimbaud ou Verlaine, en oubliant Nellligan ou João da Cruz e Sousa.
C’est ainsi… alors que moi j’ignore tous ces noms prestigieux, j’oublie les heures et je laisse promener bêtement mon regard dans la profondeur d’un tableau d’un artiste dont j’ignore le nom et où une femme laisse entrevoir un bout de ses seins alors que tout proche un enfant dénudé mange une pomme, alors qu’une rivière coule nonchalante pendant que le soleil disparait sous les arbres et que les oiseaux aux plumes bleus et rouges s’envolent dans le ciel. Et je leur dis bonsoir et rentre ému d’avoir croisé leur destin et m’en vais heureux retrouver ma solitude.
Comment by Armando — 16 juillet 2010 @ 10:13
En vacances chez sa tante à Rome, Julie se fait une fête de visiter cette merveilleuse ville dont elle a beaucoup entendu parler. Encore étudiante en médecine, elle a effectué des petits travaux, certains soirs pour s’offrir ce voyage. C’était son rêve.
Julie habite en Irlande. Son seul lien familial est sa tante Andrea qui est venu s’installer à Rome, il y a bientôt 15 ans. Toutes les deux s’écrivent régulièrement et cette année là, Andrea invite sa nièce à Rome. Elle souhaite lui faire découvrir des merveilles.
Par un beau samedi matin, Julie a envie de sortir seule visiter Rome et les alentours sans l’aide de sa tante, juste un plan de la ville et un recueil de poèmes dans son sac qu’elle a toujours sur elle. Un souvenir très précieux. Après quelques belles visites avec Andrea dans la ville Sainte, Julie a pris quelques repères et se sent parfaitement à l’aise.
Sa tante lui a dit: si tu as un problème, n’hésite pas à me téléphoner ma chérie. Julie était vraiment heureuse avec sa tante aux petits soins pour elle.
Légère comme une plume, elle descend les escaliers quatre à quatre et se retrouve dans la rue bien animée. Seulement voilà, à l’intérieur, la température était très agréable dans la maison aux grosses pierres où il faisait frais en été et chaud en hiver.
Le ciel était plombé, une chaleur étouffante. Julie se dit que sa promenade sera pour un autre jour. Tout à coup, l’idée lui vient d’entrer dans un musée où il fait bon frais, où le silence est d’or. Pas pour admirer les toiles, non! Une autre fois… mais pour lire le recueil de poèmes que sa mère lui a remis dans ses mains avant de s’envoler…Son recueil ne la quitte jamais car c’est le seul bien que Julie possède de sa maman et qui lui appartenait. Julie aime à relire ce magnifique poème d’Emile Verhaeren dont elle a toujours connu cette page cornée…
Des fleurs fines et mousseuses comme l’écume
Des fleurs fines et mousseuses comme l’écume
Poussaient au bord de nos chemins
Le vent tombait et l’air semblait frôler tes mains
Et tes cheveux avec des plumes.
L’ombre était bienveillante à nos pas réunis
En leur marche, sous le feuillage ;
Une chanson d’enfant nous venait d’un village
Et remplissait tout l’infini.
Nos étangs s’étalaient dans leur splendeur d’automne
Sous la garde des longs roseaux
Et le beau front des bois reflétait dans les eaux
Sa haute et flexible couronne.
Et tous les deux, sachant que nos coeurs formulaient
Ensemble une même pensée,
Nous songions que c’était notre vie apaisée
Que ce beau soir nous dévoilait.
Une suprême fois, tu vis le ciel en fête
Se parer et nous dire adieu ;
Et longtemps et longtemps tu lui donnas tes yeux
Pleins jusqu’aux bords de tendresses muettes.
Comment by Denise — 17 juillet 2010 @ 15:26
Ah Armando! comme je me sens en résonnance avec votre texte! Merci et bravo
Comment by Christiane — 19 juillet 2010 @ 9:44
Trouver refuge dans le calme et la fraîcheur d’un musée pour y lire… quelle bonne idée !
J’aurais bien aimé avoir une tante Andrea comme celle-ci 😉
J’ai toujours autant de plaisir à vous suivre en Italie Denise…
Et puis oui! Au diable tous ces noms prestigieux… Se glisser dans le regard d’un poète, c’est tout de même bien autre chose 😉
Comment by macile — 20 juillet 2010 @ 14:53
Un grand merci Macile pour vos mots toujours aussi gentils…
Bonne soirée 😉
Comment by Denise — 21 juillet 2010 @ 15:12