Éclipse d’étoile 4
Nuit, nuit.
pourvu que tu ne te brises pas en débris,
maintenant que le temps aux soleils déchirants
du martyre
sombre en ta profondeur océane –
les lunes de la mort
le toit effondré de la terre
passent dans le sang figé de ton mutisme –
Nuit, nuit,
tu fus une fois fiancée aux secrets
parée des lys d’ombre –
Dans ton sombre cristal s’irisaient
en mirages les êtres de nostalgie
et l’amour avait épanoui pour toi
sa rose matutinale –
Des peintres oniriques tu fus une fois
miroir d’outre-tombe et bouche oraculaire –
Nuit, nuit,
maintenant tu es devenue cimetière
pour l’effroyable naufrage d’une étoile –
sans voix le temps s’immerge en toi
avec ses signes :
la pierre qui sombre
et l’étendard de fumée!
Nelly Sachs, Éclipse d’étoile
*choix de la lectrice de Gu Ying King