E comme Ève et comme exceptionnelle
Fallait-il les symphonies portuaires du Vieux-Port, marcher sur la rue Saint-Paul, aller prendre un dessert au Marché Bonsecours, arrêter voir les tableaux d’une amie dans une galerie, pour faire de cette journée ensoleillée une belle journée ? Ça ne prenait pas tout ça, j’en suis certaine. Ça ne prenait que le sourire, les yeux pétillants, l’enthousiasme et la curiosité de ma super filleule.
On aurait pu juste s’asseoir des heures et parler. Mais accumuler toutes ces images et partager nos impressions nous ont apporté beaucoup, je crois. Ils ont créé des souvenirs. Qui s’additionnent à tellement d’autres. La première fois où je l’ai prise dans mes bras. Quand je lui enseignais à faire des grimaces, comme si là était une chose absolument vitale. Un après-midi au parc. Des journées à bricoler des cadeaux pour tout le monde. S’enfouir sous les couvertures pour une sieste et à la place se raconter des secrets.
Un jour, on m’a demandé quel était le plus beau cadeau que j’avais reçu. Je me rappelle avoir dit, et sans hésitation, une filleule. Et aujourd’hui, je le redis. Il n’y aura jamais de plus beau cadeau qu’Ève.
Une Ève à qui je raconte la Belgique, avec qui je partage Montréal, qui me parle de Jack Johnson, à qui je fais découvrir Perry Rose. Une Ève qui aime les livres plus que les vêtements. Tiens donc, on dirait moi. Une Ève qui s’émerveille, qui apprend, qui s’étonne. Tout comme moi.
Je ne suis pas un exemple. Je ne suis que moi. Je n’ai rien à lui inculquer, rien à lui enseigner, rien à lui dicter. Je donne, je dis, je partage, je suggère. Elle fera bien ce qu’elle voudra de tout ça.
Mais puisse-t-elle ne retenir qu’une chose et ce sera beaucoup. Peu importe ce qu’on dira d’elle, peu importe si on la juge parfois, peu importe si elle ne réussit pas du premier coup, peu importe si personne ne la suit, qu’elle reste entière et écoute son cœur. Je sais qu’elle sait déjà tout cela. Je souhaite seulement qu’elle ne l’oublie pas.
Je veux avec cette Ève entière et merveilleuse retourner en été dans le Vieux-Montréal et écrire une autre page de notre album de souvenirs communs. Celle d’aujourd’hui est exceptionnelle.