Comme autant d’évidences
Avec peu de moyens et un minimum de mots, Bruno Lemieux signe avec Dans le ventre de la nuit un premier recueil poétique efficace et évocateur où le ventre de la nuit est cet espace dans lequel évolue le poète quand il décide de sortir de chez lui et de lui-même :
je sors de chez moi et j’entre
jour après jour
dans les regard des autres
Au moyen de vers ou de prose poétique, il dessine des images qui peuvent sembler banales mais qui déploient force et énergie, comme en témoignent ces lignes :
j’écris je tranche
l’intérieur des mots
cœur faisceau viscères
parlent de nous
vivants
dans les lustres des lunes
L’écriture, l’absence, comme autant d’évidences, jalonnent le parcours du poète qui y cherche les raisons de (se) dire alors que se pose aussi la question de contrer les barrières, les mouvements et les sons à mesure que le silence imprègne l’espace qui est devenu sien :
mais ton absence
soudain
ton absence
satellite dans le vrombissement des foules
signe l’intervalle
Dans le ventre de la nuit, sans être léger, ne pose pas la question de la gravité, mais celle de l’appartenance et des origines alors que tout s’emmêle, se mêle et se démêle dans un foisonnement de nuances et d’images dont le lecteur ne peut sortir qu’ému, souvent aux prises avec ses propres questions et doutes.
Nul doute que Bruno Lemieux, qui a choisi la poésie minimaliste pour exprimer ses émotions et ses préoccupations, agitera quelque chose en vous et que vous aurez envie de retenir ces mots :
je me pose en théorème
métronome dans le miroir
le bras à la rencontre du bras
s’éloigne de la mesure
ma chair en images