Il vaut mieux lire qu’entendre ça 7
Ses talons avaient fait tellement d’écho dans la cage d’escalier que tout l’étage avait dû entendre son pas décidé. J’espérais juste qu’elle ne s’arrêterait pas à mon bureau, mais c’est sans compter qu’il est le plus proche de l’escalier et que ça bouillonnait tellement qu’il lui fallait vider son sac.
J’ai donc mis de côté le texte que j’étais en train de réviser. Quand elle débarque dans mon bureau comme un ouragan, il me suffit juste de la laisser déverser son flot. Et ce matin-là, elle était en furie. Son chum ne comprendrait jamais rien à rien. Le papier hygiénique a un sens, non mais. Et elle en avait marre de le lui répéter depuis deux ans. Et tant qu’à y être, autant faire la liste de toutes les choses qu’il ne fait pas comme il faut. Et de revenir au papier hygiénique, au fait que par sa faute, parce qu’il l’avait mis à l’envers de son endroit à elle, sa journée avait mal commencé et ne pourrait que continuer ainsi.
J’ai eu envie d’éclater de rire, mais ses yeux noirs m’en ont dissuadée. Or mon manque de compassion était évident. Elle est allée s’épancher ailleurs et tout le couloir a pu profiter de son histoire.
J’ai fermé la porte. Chose que j’aurais dû faire plus tôt. Il vaut mieux lire qu’entendre ça.
*toile de Victoria Kharchenko