Lali

3 décembre 2010

Il vaut mieux lire qu’entendre ça 7

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Ses talons avaient fait tellement d’écho dans la cage d’escalier que tout l’étage avait dû entendre son pas décidé. J’espérais juste qu’elle ne s’arrêterait pas à mon bureau, mais c’est sans compter qu’il est le plus proche de l’escalier et que ça bouillonnait tellement qu’il lui fallait vider son sac.

J’ai donc mis de côté le texte que j’étais en train de réviser. Quand elle débarque dans mon bureau comme un ouragan, il me suffit juste de la laisser déverser son flot. Et ce matin-là, elle était en furie. Son chum ne comprendrait jamais rien à rien. Le papier hygiénique a un sens, non mais. Et elle en avait marre de le lui répéter depuis deux ans. Et tant qu’à y être, autant faire la liste de toutes les choses qu’il ne fait pas comme il faut. Et de revenir au papier hygiénique, au fait que par sa faute, parce qu’il l’avait mis à l’envers de son endroit à elle, sa journée avait mal commencé et ne pourrait que continuer ainsi.

J’ai eu envie d’éclater de rire, mais ses yeux noirs m’en ont dissuadée. Or mon manque de compassion était évident. Elle est allée s’épancher ailleurs et tout le couloir a pu profiter de son histoire.

J’ai fermé la porte. Chose que j’aurais dû faire plus tôt. Il vaut mieux lire qu’entendre ça.

*toile de Victoria Kharchenko

11 juillet 2009

Il vaut mieux lire qu’entendre ça 6

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Triste de lire ces commentaires… Voilà le commentaire – qui sous-entendait autre chose – que je n’ai pas validé ces derniers jours. Même si celui qui l’a écrit affirme que pourtant, il aime bien ce blog. Parce que j’y ai vu de la méchanceté pour ceux et celles qui laissent leurs traces en rangeant leur sérieux dans un tiroir.

On ne s’attaquera pas ici à ceux qui laissent des commentaires. Ça ne passe pas. Pas plus que n’a passé un commentaire s’attaquant aux rondeurs d’une lectrice que j’ai photographiée il y a un moment et que j’ai supprimé.

Il en est ainsi. Et ça ne changera pas. Le pays de Lali ne deviendra pas un champ de bataille. Et il ne freinera pas l’humour de ceux et celles qui se reconnaîtront sous prétexte que ça ne plait pas à un individu.

Et je suis retournée à mon livre, le commentaire détruit, parce qu’il vaut mieux lire qu’entendre ça!

*toile d’Anna Ancher

17 avril 2009

Il vaut mieux lire qu’entendre ça 5

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Les femmes qui n’ont pas d’enfants sont des égoïstes et ne pensent qu’à elles-mêmes… J’ai relevé la tête. Allais-je entrer dans le débat, moi la femme sans enfant? J’ai eu envie, je l’avoue. J’aurais parlé de toutes celles qui ont eu des enfants pour retenir des hommes – sûrement qu’elles n’étaient pas égoïstes celles-là -, de celles aussi qui ont fait des enfants pour ne pas s’en occuper, de ces hommes qui en ont fait pour que leur nom soit transmis à une autre génération. Et puis, j’aurais perdu des heures. Il y aurait eu quelqu’un pour me rappeler que – bien entendu – je ne pouvais pas comprendre, puisque je n’avais pas eu d’enfant. Je n’ai rien dit. D’ailleurs, plus ça va, moins j’entre dans des débats stériles qui finissent toujours par pointer du doigt ceux et celles qui ne sont pas comme tout le monde. Et je suis retournée à mon livre.

*toile de Dale Amburn

27 février 2009

Il vaut mieux lire qu’entendre ça 4

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Réunissez des gens autour d’une table, des intellectuels comme des ouvriers, ou mêmes des membres de votre famille. Vous n’y échapperez pas. Viendra ce moment avant le dessert ou à l’heure du café où quelqu’un vous parlera de ses bobos. De son mal de dos ou de cou, par exemple. Chacun y ira de ses propres douleurs, pour ajouter du piquant. Mais encore, si ce n’était que ça… Parce que ce n’est pas assez. Il faut que chacun y ajoute son propre conseil conseil avisé, ce que le malade devrait faire, qui il devrait visiter, quel traitement s’appliquerait dans son cas. Oui, oui, réunissez des gens autour d’une table et viendra un moment où vous aurez huit pseudo-médecins attablés.

Bon moment pour sortir un livre ou le journal, comme le lecteur de Boris Koustodiev. Parce qu’il vaut mieux lire qu’entendre ça!

16 février 2009

Il vaut mieux lire qu’entendre ça 3

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« Moi, je n’ai jamais lu de livre, c’est rasoir! »

Oui, j’ai bien entendu ça alors qu’en attendant le 18, j’avais sorti un livre, comme je le fais souvent. Et fort probablement que la remarque s’adressait à moi qui étais dans ma bulle, bien loin des préoccupations d’autrui. Mais je n’ai pas relevé la tête, question de mettre un visage sur la la voix de celui qui avait lancé la phrase assez fort pour que tout le monde l’entende. Je n’ai pas relevé la tête pour voir si des regards s’étaient posés sur lui, non plus.

Je suis restée plongée dans mon livre, comme la lectrice de Hsu-Yuan Liu. Parce qu’il vaut mieux lire qu’entendre ça!

2 janvier 2009

Il vaut mieux lire qu’entendre ça 2

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-Moi, les écrivains que j’admire le plus, ce sont ceux qui écrivent pour la télévision. Ce sont de vrais écrivains, eux. Pas des types qui s’enfargent dans des phrases à cent piasses pour se donner un genre.

Allais-je dire quelque chose? Allais-je me taire? Rien que de penser au débat inutile et j’avais mal à la tête. Alors, je suis restée le nez plongé dans mon livre. Comme la lectrice de George Tooker. Il vaut mieux lire qu’entendre ça. Et même des phrases à cent piasses.

29 décembre 2008

Il vaut mieux lire qu’entendre ça 1

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Ce n’est pas parce qu’on a les yeux rivés à un livre, comme la lectrice de Sandra Dodson, qu’on n’entend rien de ce qui se dit autour de soi. Des banalités comme des énormités. C’est d’ailleurs l’une de ces dernières, venue à mes oreilles, qui m’a donné l’idée d’une nouvelle rubrique qui s’intitulera Il vaut mieux lire qu’entendre ça et qui compte réunir les perles glanées ici et là, dans les salles d’attente, les couloirs, les autobus ou autre lieu public. Parce que chaque fois, ça me fait dire qu’il faut mieux lire qu’entendre ça!

Un exemple? Elles étaient là à discuter ensemble dans une allée, quand la première a dit à la seconde : Je ne sais vraiment pas pourquoi Luc a quitté Marcia, elle faisait si bien la cuisine… Oui, en 2008, on entend encore de telles énormités qui ne sont que plus énormes quand on pense qu’elles viennent de la bouche d’une femme. À suivre, donc, cette nouvelle chronique de choses qu’il vaut mieux ne pas entendre, mais qui arrivent tout de même à nos oreilles. Et qui donnent envie de ne pas lever les yeux de son livre pour éviter un débat houleux et stérile.

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