Lali

24 septembre 2011

Quelques poèmes de Coppée 2

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

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Un rêve de bonheur qui souvent m’accompagne,
C’est d’avoir un logis donnant sur la campagne,
Près des toits, tout au bout du faubourg prolongé,
Où je vivrais ainsi qu’un ouvrier rangé.
C’est là, me semble-t-il, qu’on ferait un bon livre.
En hiver, l’horizon des coteaux blancs de givre;
En été, le grand ciel et l’air qui sent les bois;
Et les rares amis, qui viendraient quelquefois
Pour me voir, de très loin, pourraient me reconnaître,
Jouant du flageolet, assis à ma fenêtre.

François Coppée, Promenades et intérieurs

*choix de la lectrice d’Eva Bonnier

Qu’écrit-elle?

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 8:00

Mais qu’écrit-elle ainsi? Serait-ce un texte inspiré par la toile de la semaine? C’est ce que nous saurons demain, en même temps que nous découvrirons lesquels d’entre vous ont joué le jeu…

*toile de Marguerite Stuber Pearson

23 septembre 2011

Quelques poèmes de Coppée 1

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

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La lectrice peinte par Buffalo Bonker a longtemps hésité. Tant de recueils la tentaient. Jusqu’à ce qu’elle ouvre Promenades et intérieurs de François Coppée. Et qu’elle lise ce texte :

De la rue on entend sa plaintive chanson.
Pâle et rousse, le teint plein de taches de son,
Elle coud, de profil, assise à sa fenêtre.
Très sage et sachant bien qu’elle est laide peut-être,
Elle a son dé d’argent pour unique bijou.
Sa chambre est nue, avec des meubles d’acajou.
Elle gagne deux francs, fait de la lingerie
Et jette un sou quand vient l’orgue de Barbarie.
Tous les voisins lui font leur bonjour le plus gai
Qui leur vaut son petit sourire fatigué.

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Filed under: Ce que mots vous inspirent,Couleurs et textures — Lali @ 8:00

Les désirs modérés sont les trésors du sage. (Jean-François Cailhava d’Estandoux)

*dessin de Joseph Floch

22 septembre 2011

Les vers de Bella 3

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Nocturne

Idées nocturnes, qui êtes-vous, qu’êtes-vous?
J’ai pitié de votre nudité timide.
Dommage, je n’ai pas la force de clore
les stores sur la pluie et les fleurs humides.

J’essaye d’écarter les ailes d’un chérubin
du minuscule enfer de la veilleuse.
Une branche de merisier, danseuse aveugle,
entame tristement son dernier acte.

Écrits nocturnes, qu,est-ce qui nous relie?
Vous êtes le discours de la nuit blanche.
Elle passée, vous n’appartenez à personne.
Faut-il vous conserver en sa mémoire?

Le jour aussi est blanc de brume, blanc de nuit.
Et regarder en bas de la falaise revient
à sortir un poignard de son souple fourreau :
tant paraît aiguisé l’argente de ces eaux froides.

La vie diurne est ruse, stratagème
pour rapprocher la nuit. Mais ma crainte grandit :
Et si la veille, dans la combe au-dessus du Ladoga,
le rossignol avait brûlé?

Non, mon Phénix est indemne, il sifflote :
Syllabe, syllabe — tiret, syllabe, tiret — tiret, tiret.
Le pointillé tâtonne, en quête d’un sens obscur,
et l’embarras des mots est plus doux que les mots.

Minuit tout rond. Chaque chose est neuve et fraîche.
Je sors des terres étrangères qui nous sont communes
pour revenir chez moi, dans le nocturne… quoi?
Dans le nocturne de ce qui me plaît.

Bella Akhmadoulina, Histoire de pluie et autres poèmes

*choix de la lectrice d’Assunta Genovesio

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Filed under: Ce que mots vous inspirent,Couleurs et textures — Lali @ 8:00

Nous sommes faits pour l’éternité mais nous ne savons pas pourquoi. (Elfriede Jelinek)

*illustration de Charles Folkard

21 septembre 2011

Les vers de Bella 2

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Sonorité pressante

Sonorité pressante, depuis dix jours
je t’attends sur une route de campagne.
Et je t’attends encore sous la pleine lune.
Sonorité pressante, tu es là, tout près.
Viens tomber dans la fécondité de ma blessure.
Pourquoi te caches-tu en m’épiant?

Sonorité pressante, si lourde soit
ma faute, bien grande est ma douleur.
Quelle ouïe apprécies-tu, sinon la mienne?
La pleine lune me pardonne.
Mais nulle sonorité ne vient pour me guider.
Elle est absente. Pourquoi me dut-elle donnée?

Je ne partagerai ma lune avec personne,
elle n’aimera jamais que moi.
La lune découvre qu’elle est une avant-mort,
Sonorité pressante, je m’adonne
au jeu avec ton absence lunaire.
Sonorité pressante, pardonne-moi.

Bella Akhmadoulina, Histoire de pluie et autres poèmes

*choix de la lectrice de Milton Gershgoren

jeter l’encre

en réponse à un poème d’Olivier

jeter l’encre
à défaut de l’ancre
même si
toujours
toi mon port d’attache

(septembre 2011)

*toile de Delphin Enjolras

Ce que mots vous inspirent 497

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On voudrait que tout soit encore à dire. (Louis Calaferte)

*toile de David Anderle

20 septembre 2011

Les vers de Bella 1

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Histoire de pluie et autres poèmes réunit des textes publiés entre 1957 et 2006 par la poète russe Bella Akhmadoulina, décédée à l’automne 2010. Traduits par Christine Zeytounian-Beloüs, ces poèmes d’une figure marquante de la littérature russe trop peu connue, sinon pas du tout, des francophones, nous donnent à découvrir une voix forte et ample, qui a d’emblée séduit la lectrice peinte par Amy Giust, qui a choisi ces vers à votre intention :

Hiver

Ô geste de l’hiver,
d’une froideur appliquée.
L’hiver a quelque chose
d’une tendre médecine.

Puisque la maladie
lui tend les mains, confiante,
du fond de sa souffrance
et de l’obscurité.

Cher hiver, soigne-moi,
mon front sera marqué
du baiser curatif
de ton anneau glacé.

La tentation grandit
de me fier aux mensonges.
Dévisager les chiens
et enlacer les arbres.

Pardonner, comme par jeu,
d’un élan, dans un virage,
finir de pardonner
pour pardonner à d’autres.

Copier ce jour d’hiver
et son ovale vide,
Être à jamais en lui,
comme une simple nuance.

Et cesser d’exister,
faire naître au-delà du mur
non mon ombre mais la clarté
que je ne cacherai plus.

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