Lali

26 février 2013

Au pays de la poésie yiddish 5

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Brouillard de la tribu

Brouillard où s’enrobe la nuit dans le voile de la pensée,
De chaque lanterne soudain la puissance s’est décuplée,
On n’aperçoit aucune étoile et la lune s’est éclipsée.

S’étend le brouillard qui a le pouvoir de refermer les yeux,
Le brouillard est chauve-souris qui plane, descendant des cieux,
En nous-mêmes nous nous tendons et nous marchons pliés en deux.

Grandes ailes grises mouillées dont le destin nous fit offrande,
Caravansérail de Satan — et c’est à lui qu’elles ressemblent —
Et vois mon ami : après nous plus aucune ombre qui s’étende.

Et le brouillard s’emplit de voix, de paroles, une rumeur,
Et nous sommes au paradis, autour de nous c’est le bonheur,
La pomme de la connaissance prend à nos yeux d’autres couleurs,

Effrayant, dis-tu? Le brouillard est cruellement sans mémoire,
Le bonheur ressemble à présent au couteau sacrificatoire,
Je ne le vois plus! Contre moi, plus fort et plus près, blottis-toi…

Moshe Broderson (1890-1953)
(Anthologie de la poésie yiddish)

*choix de la lectrice d’Antonio Delle Vedove

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