Anecdote d’un mardi matin
Je n’ai aucune idée du pourquoi. Pas plus que je n’ai idée depuis quand cela se perpétue. Je sais juste que trouver un « sou » par terre est un porte-bonheur. Que quand on trouve une pièce de un cent, il faut faire un souhait. Mais le pourquoi du comment, nada, je n’en ai aucune idée.
Je l’ai toujours fait, autant que je me souvienne, sans y attacher beaucoup d’importance, sans trop y croire, amusée quand ça arrive. Et ce matin, une pièce m’attendait dans l’escalier entre les deux paliers. Je l’ai ramassée, j’ai fait un vœu, et je l’ai mise dans la poche de mon ciré. Il n’a pas fallu longtemps pour que je me mette à rire. Comme mes voisins n’empruntent jamais cette porte, mais toujours celle de derrière, tout comme leurs visiteurs, vraisemblablement, cette pièce était tombée de mon sac ou de la poche de ma veste, peut-être en repêchant mes clés du fond de l’un ou de l’autre la veille.
Et j’avais ramassé ma propre pièce qui n’était pas là à 23 h quand j’ai monté les marches, mais qui m’attendait à 8 h 20. Je riais. Comme d’une bonne blague. Après tout, faire un souhait en tenant entre ses doigts une pièce qu’on a probablement laissé tomber soi-même, c’est tout de même assez drôle.
Et c’est en sortant les clés de ma poche pour prendre le courrier que j’ai retrouvé la pièce qui, visiblement, avait suivi le chemin d’une autre – ramassée quand? – puisqu’elles étaient maintenant deux.
Je n’ai aucune idée du vœu que j’ai fait lorsque la première pièce est venue rejoindre le fond de ma poche. Et je ne suis pas non plus certaine de me souvenir avec exactitude de celui de ce matin, puisque je n’y ai pas attaché beaucoup d’importance, faisant le geste machinalement, comme je le fais depuis toujours.
Mais ça m’amuse de penser que je vais laisser les pièces là. Que peut-être d’autres vont s’ajouter et que l’addition de tous ces vœux me donnera peut-être dans dix ans la mirobolante somme de deux dollars.