À l’attention de la femme de ménage
Le mot « singulier » a été utilisé plus d’une fois tant par les critiques que par les éditions Stock pour désigner le premier roman d’Émilie Desvaux intitulé À l’attention de la femme de ménage. Je pourrais bien évidemment en chercher un autre, utiliser « inclassable » à la place de « singulier » pour rester dans le flou, mais ça ne serait pas rendre justice à ce roman qui, tout en étant imparfait, n’est pas sans intérêt.
Le roman, constitué d’une longue lettre adressée à celle qui vient depuis des années tous les jeudis ranger la maison de la narratrice, faire les carreaux, repasser son linge, celle qu’elle ne connaît pas, parce qu’elles ne sont jamais liées et qu’elles ont conservé cette distance d’une autre époque qu’avaient entre eux le maître et l’employé de maison, relate ce qui ne se dit pas. Ce que l’une a peut-être deviné. Ou pas. À propos de ce qui unit sa patronne et Marie-Jeanne, la jeune cousine de son mari qu’ils ont recueillie peu de temps avant qu’André ne périsse dans un accident de voiture. Ou qu’elle ait réussi à percer un lourd secret de famille concernant ce qui s’est passé entre un père et sa fille il y a plus de vingt ans.
Qu’elle sache ou pas avant qu’elle ne commence à lire cette lettre, elle sera au courant de ce qu’a vécu celle qui l’emploie quand elle aura fini de lire la lettre. À la manière d’une lettre d’adieu ou d’un testament, ce roman épistolaire fait le portrait d’une vie, sans fausse pudeur et sans maquillage, avec tout ce qu’il peut avoir de dérangeant par les liens qu’entretiennent entre eux ceux et celles (essentiellement trois personnages) qui habitent les pages de ce roman de mœurs.
L’écriture est fluide. Le rythme a la lenteur et la langueur des jours qui coulent sur cette demeure élégante, isolée de tout, alors que les saisons laissent si peu de traces sur les vies de celles qui y vivent, inconscientes du danger qui plane sur elles, comme une épée de Démoclès.
Ça ne pouvait se terminer que dans un drame. Et c’est là que nous emmène Émilie Desvaux qui n’a pas ménagé les détails pour nous montrer l’ambiance étouffante qui a toujours été celui de la narratrice. Un premier roman bien écrit, sans plus. Les personnages ne sont pas assez attachants pour qu’il en soit autrement.
Titre pour le Défi Premier Roman
J’ai connu quelqu’un qui avait un homme de ménage comme femme de ménage et je vous jure que cela fait drôle et qu’il n’y avait aucun intérêt à laisser tomber ses lunettes… c’est d’un fade!…
Comment by Armando — 1 juin 2012 @ 19:46
Merci pour ma PAL !
Comment by Anne — 2 juin 2012 @ 14:51