Hôtel de Lausanne
Véritable roman d’atmosphère, Hôtel de Lausanne semble tout droit sorti d’un film du début des années 50 ou d’une photo de Willy Maywald. La belle Christine Stretter, autour de laquelle tout gravite, personnages comme lieux, a quelque chose de la Nicole de La peau douce et on imagine volontiers celle-ci en tailleur signé Jacques Fath, elle qui n’est pas de l’époque dans laquelle elle vit.
Justement, parce qu’il s’agit d’un roman en demi-teintes où la vie glisse sur l’ombre projetée par les personnages, parce qu’il ne passe rien que de brèves rencontres entre Christine et le narrateur, Hôtel de Lausanne peut agacer ceux qui privilégient l’action au rythme, surtout que celui-ci est lent et qu’il ponctue une petite musique sans crescendo ou accords plaqués.
Résultat : un roman qu’on n’aime ou qu’on n’aime pas. Un roman qui a quelque chose de ceux de Modiano sans qu’on sache exactement quoi ni qu’on ait envie de le chercher. Un roman que certains cinéastes de la Nouvelle Vague auraient sûrement aimé mettre en scène en caricaturant encore davantage le mari de la belle, un être fat qui s’écoute parler en s’imaginant déjà en haut de l’affiche, et ils auraient suivi Christine au moyen de travellings ingénieux, entre autres dans les allées du cimetières de Passy où le narrateur a croisé Christine qui fréquente le lieu.
Et tant pis pour ceux qui n’aiment pas les romans impressionnistes, le cinéma de Rohmer et les photographies de l’autre Willy, Ronis celui-là, ils passeront à côté de ce roman en noir en blanc absolument séduisant.
Titre pour le Défi Premier Roman
Pourquoi pas ? A feuilleter à la bibliothèque, par exemple, pour voir si je l’emporte.
Comment by Anne — 4 février 2012 @ 8:18