En vos mots 186
C’est par une lectrice peinte par l’artiste Yves Thos que se termine octobre. Une toile colorée, sensuelle et chaude qui ne pourra qu’attiser votre imagination. Une toile que je vous invite à examiner afin qu’elle vous dévoile ses secrets afin que vous vous en inspiriez pour qu’elle se déploie, se laisse percer et mettre à nu. Car tel est le but d’En vos mots : écrire à partir d’une toile. Et c’est à cela que je vous convie dimanche après dimanche depuis trois ans et demi. Une expérience à laquelle se plient semaine après semaine quelques fidèles et que d’autres tentent occasionnellement quand la toile du moment les inspire.
Comme d’habitude, les commentaires seront emmagasinés et validés dans sept jours exactement. C’est ainsi qu’il vous est désormais possible de lire ceux qui ont animé la toile de dimanche dernier qui sont désormais visibles.
Puisse donc la toile de ce dimanche titiller votre imagination et susciter quelques lignes!
À mots feutrés les conversations allaient bon train dans le village depuis quelques jours.
Cette fois-ci, le sujet qu’on dévorait avec méchanceté et bêtise était Sarah. La jeune libraire qui était venue de la grande ville pour faire revivre la seule librairie du village, fermée depuis que la vieille Françoise avait été emportée par le cancer. Voilà deux ans.
On y trouvait des livres bien évidemment mais aussi toutes sortes d’articles scolaires et des journaux. Puis Sarah avait prévu un coin poste, et tous les soirs elle ramenait le courrier en ville. À quinze Kilomètres de là. Elle avait aussi aménagé un coin bibliothèque pour les plus jeunes, qui s’y réfugiaient lorsqu’il faisait froid.
Malgré tout, Sarah n’était toujours pas admise ni acceptée au village. Elle avait tout contre elle. Elle était jeune. Jolie. Intelligente. Libre. Et puis, elle n’était pas du village. Alors…
Cette fois-ci, le commérage concernait sa façon de s’habiller. Même monsieur le maire trouvait que la coupe était pleine. Et ce jour là, lorsque je dinais, il est venu s’assoir devant moi, d’un air pieux et arrogant, en me lançant au visage : « Et vous?… je trouve bizarre que vous ne dites jamais rien… »
-Sûr?… je lui ai demandé.
-Sur la petite allumeuse de la librairie…
-Allumeuse?… lui ai-je dit en le regardant dans les yeux.
-C’est ce qui court au village…
-Bien évidemment!… Pour preuve c’est une bonne preuve. C’est ce qui court au village…. Vous a-t-elle déjà fait des avances, monsieur le maire?… Avez-vous déjà croisé quelqu’un à qui elle aurait fait des avances?… Ou ce sont, comme d’habitude, la puanteur de vos préjugés qui vous enivre la parole?…
-M’enfin! a-t-il lancé d’un semblant indigné.
Je me suis levé. Un silence glacial caressait les visages que mon regard croisait.
Le lendemain matin, la librairie était fermée. Sarah était partie dans la nuit, en emportant avec elle tous ses espoirs, ses rêves et son sourire. Le village était redevenu silencieux et sans âme. Assis sur le seuil de la libraire, un enfant a pleuré ce jour-là.
Comment by Armando — 2 novembre 2010 @ 7:40
POMPÉI
Que fait cette jolie femme dans les pots de terre cuite
Avec chasuble orange et sandales à lanières,
Un livre blanc tout neuf gardant son attention,
Derrière des amphores longeant un mur en frittes?
Est-ce pour mettre en valeur sa chevelure garçonnière
Ou sa jambe infinie que l’on voit tout du long?
Provoqua-t-elle Vésuve, le volcan millénaire
Qui brûla Pompéi dans sa grande éruption?
Flairjoy
Comment by Flairjoy — 4 novembre 2010 @ 8:12
« Les femmes aussi ont leurs saisons. L’été ne dure pas toujours et après l’été… Ah oui ! Les splendeurs de l’automne ! Mais combien éphémères ! Qui prend le temps de regarder et d’aimer l’automne ? »
Françoise Dumoulin-Tessier
Comment by Chantal — 4 novembre 2010 @ 13:05
Laure est passionnée de théâtre et trois fois par semaine, après son travail, elle se dirige dans un théâtre de quartier pour les répétitions. Une fois le seuil franchi, elle oublie tout et se consacre entièrement à ses textes. Ce soir, son rôle consiste à donner la réplique à un don juan, qui chaque soir aime venir se promener autour d’un champ de coquelicots, raison pour laquelle le metteur en scène lui a dit de porter une robe rouge. Il va sans dire que le jeune homme n’aura d’yeux que pour Laure parmi tous les coquelicots.
La pièce s’intitule « le pétale rouge ».
Laure connaît son rôle par coeur . La scène est sa façon à elle de s’évader, de tourner le dos aux tracas de ses journées de travail épuisantes.
Lorsque la maquilleuse et l’habilleuse en ont fini avec elle, Laure aime bien se promener dans les coulisses en attendant qu’on l’appelle sur scène. Dans les coulisses, elle se sent bien, à l’aise, comme chez elle. C’est un peu sa deuxième maison. Elle y croise ses camarades et apprécie de côtoyer tous ces beaux décors placés derrière le grand rideau rouge.
C’est tout à fait par hasard que Laure se trouve ici. Un jour, en passant devant un arbre, elle voit une grande affiche clouée où était inscrit « Le Théâtre des trois jardins » cherche des jeunes filles et des jeunes hommes pour passer trois auditions. Les candidats choisis seront personnellement avisés. Il s’agira de jouer les pièces suivantes: Autour de l’étang – Près de la glycine et le pétale rouge. Et c’est ainsi, après avoir réussi les trois auditions que Laure se trouve sur ces planches.
Elle est très heureuse et les quelques sous qui lui sont remis à la fin du spectacle lui permettent de réaliser son grand rêve. Continuer de danser dans un ballet. C’est sa deuxième passion. Avec l’argent gagné, elle pourra s’acheter de nouveaux chaussons. A force de faire les pointes, ils s’usent très vite.
Sa troisième passion est la lecture. Laure ne sort jamais sans un livre dans son sac, voire deux car elle s’est vite rendu compte qu’entre deux répétitions, le temps est long alors autant le passer agréablement. Ce soir, en attendant à nouveau son tour, elle relit avec grand bonheur ce magnifique poème de Khalil Gibran
« La danseuse
Par un jour, la cour du prince convia une danseuse,
accompagnée de ses musiciens.
Elle fut présentée à la cour,
puis elle dansa devant le prince
aux sons du luth, de la flûte et de la cithare.
Elle dansa la danse des flammes et celle des épées et des lances;
elle dansa la danse des étoiles et celle de l’univers;
puis elle dansa la danse des fleurs virevoltant dans le vent.
Et le prince d’être subjugué.
Il la pria de s’approcher.
Elle se dirigea alors vers le trône
et s’inclina devant lui.
Et le prince de lui demander :
« Belle femme, fille de la grâce et de la joie, d’où vient ton art ?
Comment peux-tu maîtriser la terre et l’air dans tes pas,
et l’eau et le feu dans ta cadence ? »
La danseuse s’inclina de nouveau devant le prince et dit :
« Votre Altesse, je ne saurais vous répondre,
mais je sais que :
L’âme du philosophe veille dans sa tête.
L’âme du poète vole dans son cœur.
L’âme du chanteur vibre dans sa gorge.
Mais l’âme de la danseuse vit dans son corps tout entier. » »
Comment by Denise — 6 novembre 2010 @ 10:55
Les vestales ont laissé sur la terre des Dieux
Le voile blanc et fin recouvrant leurs épaules
Un peu de feu sacré brûle encore en tes yeux
Et tu portes la Vie aux soies de ton étole
Quand les heures au zénith se gorgent de soleil
Alourdissent tes seins, alanguissent tes poses
Que le sel de ta peau goutte en perles pareil
Aux perles de rosée que le matin dépose
J’épouse enfin tes courbes, étourdi, impatient
Sur ta jambe où glisse mon regard amoureux
Je voudrais que ma main fasse battre le sang
Je voudrais Ô Julia, détacher tes cheveux …
Comment by Chris — 7 novembre 2010 @ 6:18
Trop tard, mais malgré tout, je vous laisse mon texte :
Herculanum, en l’an 79.
Flavia Julia Constantia vient de quitter sa maison du Grand Portail et longe l’esplanade de Nonius.
Rejoignant les thermes, elle franchit le portail puis le vestibule. Abandonnant la tunica, la stola et ses sandalium dans l’apodyterium, Flavia s’enveloppe d’un voile orange. Assise sur les sièges de marbre elle parcoure un livre emprunté à la bibliothèque.
Après ce moment de repos, Flavia se dirige vers le frigidarium avant de rejoindre enfin le tepidarium où elle y retrouve Fulvia. Le petit passage voûté les mènent au caldarium.Les voilà dans le petit bassin puis le natatio. Mais un bruit sourd envahi la voûte et des vibrations font onduler la surface de l’eau. Une poussière grise, suffocante pénètre par l’oculus.
Le 24 août 79 disparurent Flavia Julia Constantia et son amie Fulvia.
Pour les thermes romains, voir ceci.
Comment by LOU — 7 novembre 2010 @ 8:08
Je ne résiste à l’envie de venir déposer ces quelques mots juste pour dire que je vous suis avec plaisir…
Ecrire, oui … préparer les mots que l’on va déposer, oui … et puis poster le commentaire sans attendre , aussi … et surveiller l’heure pour découvrir vos regards sur la toile … vous connaissez ça je suppose ? 🙂
Un régal , quoi ! 😉
Comment by Chris — 8 novembre 2010 @ 15:37
Oui, car c’est un beau rendez-vous…
Comment by LOU — 9 novembre 2010 @ 10:23