En vos mots 136
Il y avait longtemps que nous n’avions pas eu pour nous inspirer une de ces toiles classiques qu’on reconnaît tout de suite. Tel est le cas de ce tableau d’une lectrice peinte par l’artiste suisse Jean-Étienne Liotard.
Le tableau ne vous est pas étranger? Qu’à cela ne tienne. Racontez-lui une autre histoire que celle que vous connaissez. On même un souvenir. Laissez-vous tenter par l’envie de lui prêter une vie qui n’a rien à voir avec ce qui pourrait surgir au premier coup d’œil.
La lectrice de Liotard vous appartient jusqu’à dimanche, moment où tous les commentaires seront validés et où nous pourrons nous délecter de leur lecture.
De plus, petite remarque à l’intention des blogueurs qui hésitent à se laisser tenter.Quand votre commentaire sera validé, vous pourrez bien entendu transporter la toile et votre poème ou nouvelle « chez vous », comme le fait Armando tous les jeudis.
Dans la belle ville de Toulouse, Marthe habite encore avec ses parents et sa sœur Jocelyne toutes les deux étudiantes à l’Université.
Cette famille vit, disons, confortablement. Le père est professeur de français et son épouse apporte son temps libre dans diverses associations de bienfaisance.
Marthe souhaite devenir médecin mais les études sont encore très longues. Quant à Jocelyne, son rêve est de devenir professeur de musique.
Pour parfaire ses connaissances dans la médecine, Marthe désire partir un an ou deux à Paris.
Bien sûr, elle en parle à ses parents et à sa sœur qui n’y voient aucune objection.
Oui, c’est une bonne idée, lui dit son père. Nous avons des amis à Paris, je vais leur écrire s’ils sont d’accord de t’accueillir. Leur maison est grande et je pense qu’ils doivent avoir une chambre disponible pour toi.
Trois semaines plus tard, la réponse parvient au père de Marthe. Le soir, pendant le repas, il annonce la bonne nouvelle et le départ de Marthe est pour bientôt, le temps de préparer son voyage, ses effets personnels en espérant de ne rien oublier, surtout pas ses livres qui lui sont chers.
A Paris, Marthe est déçue de l’accueil que ce couple lui réserve! Aucun mot chaleureux, pas de sourire, c’est tout juste si elle entend… votre chambre se trouve au premier étage, le petit-déjeuner à sept heures et le repas du soir à dix-neuf heures précises. A midi, vous prendrez votre repas à l’Université.
Oh la la… se dit Marthe! Est-ce que je vais tenir tous ces mois? Il le faudra bien, oui pour mes études.
Elle profite du week-end pour mettre en place ses affaires dans une chambre triste où la lumière du jour passe par une toute petite fenêtre avec en tout et pour tout, un lit, une table de nuit avec une misérable lampe et une armoire qui tenait debout par miracle et heureusement une petite table et une chaise pour écrire et étudier ses cours. Le reste de la maison était magnifique mais Marthe sentait que l’on voulait la tenir éloignée des belles pièces. Qu’à cela ne tienne se dit-elle puisque la journée se passera à l’Université.
Je ne vais même pas en parler à mes parents, je ne souhaite pas leur faire de la peine. Quelle chance nous avons avec ma sœur d’avoir des parents qui nous ont donné l’amour et nous ont appris le respect envers autrui. C’est une richesse inestimable.
Les cours ont commencé pour Marthe et tout ce passe très bien.
Un matin, à l’heure du petit-déjeuner, Madame s’adresse à Marthe on lui disant qu’ils partaient un mois en croisière. Pas un mot de plus!
– Bien Madame, je vous remercie de m’avertir et je vous souhaite un très bon voyage!
Oh! Comme le week-end s’annonçait beau pour Marthe. Après la révision de ses cours, elle décide de porter sa plus belle robe qu’elle n’avait encore jamais osé sortir de l’armoire ainsi que l’adorable petite coiffe assortie à sa tenue. Elle descend et visite toutes les pièces toutes plus jolies les unes que les autres. Seule dans cette grande maison, elle se prenait pour la maîtresse des lieux et allait de pièce en pièce. Elle entrouvre une porte et voit une superbe bibliothèque, une autre porte et voici un joli boudoir. Que c’est beau!
Elle décide d’entrer dans la bibliothèque, regarde la multitude de livres et découvre un recueil de « Marceline Desbordes-Valmore ». Elle le prend et va s’asseoir sur le joli canapé douillet et commence à lire. Elle connaissait beaucoup d’auteurs mais pas ce magnifique recueil (Bouquets et prières).
Marthe ne vit pas la journée passer. Comme elle se sentait bien ici où tout était feutré, cosy. Tout le contraire de sa chambre. Elle décide de faire une pause et se dirige vers la cuisine pour se préparer un petit en-cas en mettant un signet dans le livre.
Marthe retourne sur le divan et lu ce magnifique poème de l’auteur « Les roses de Saadi »
« J’ai voulu ce matin te rapporter des roses;
Mais j’en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les nœuds trop serrés n’ont pu les contenir.
Les nœuds ont éclaté. Les roses envolées
Dans le vent, à la mer s’en sont toutes allées.
Elles ont suivi l’eau pour ne plus revenir;
La vague en a paru rouge et comme enflammée.
Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée…
Respires-en sur moi l’odorant souvenir.
Après trois mois passés à Paris, ce fut sa plus belle journée et son vœu le plus cher est de réussir ses examens pour soigner ses futurs patients et leur apporter beaucoup de douceur, d’encouragements et de complicité. Tout ce qu’elle ne reçoit pas dans cette famille!
Comment by Denise — 20 novembre 2009 @ 16:49
Dans ma nuit bysantine
Ourlée d’une douce torpeur
Je visite le Pays du bonheur
Mes mains brodent le Temps
Cisèlent des notes d’argent
Je suis Shéhérazade
Sultanne, favorite au harem
Je pâlis de langueur
Sur mon sofa rêveur
Je me pose telle une douce colombe
Sur les ailes de l’amour
Le destin a un regard magicien
Je jouis de ses faveurs par instinct
Mon coeur paresse entre tendresse et caresses
Quand le Grand Vizir, jaloux de mon audace
Rompt brutalement le cours de mon histoire
Dans ma robe sculptée orientale
Je n’étais plus qu’une pauvre vestale
Mes paupières demi-closes
Drapée dans mon chagrin
J’ai éteint la lumière du destin
Comment by claudie — 21 novembre 2009 @ 9:45
Prendre ensemble des jolis cubes de bois, y coller de beaux titres d’Hugo et de Verlaine sur leurs faces droites. Les prendre en main. Les faire tourner un peu. Les mélanger doucement. En faire des phrases cubiques, triangulées, composées, recomposées à la Picasso…
‘Hugo’ et Verlaine nous disent
‘Puisque mai tout en fleurs dans les prés nous appelle,
Qu’aucune aile ici-bas n’est pour longtemps posée,’
Puisque l’aube grandit, patinant le soleil,
Je ne veux plus aimer …
‘Dans l’alcôve sombre, Jeanne endormie
Sur l’univers en livre, aux rayons et aux ombres,
Insondables, immuables, éternels, absolus…’
Nevermore, mon rêve familier.
Il pleure dans mon cœur et le soleil moins ardent
Jette l’amour par terre …
‘À qui la faute ?
L’amour est d’abord un miroir,
Et je respire comme mon cœur palpite…’
Hespérie et Oxymore
Titres d’Hugo et Verlaine utilisés :
http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/1/41/53/89/titres.txt
Comment by Hespérie et Oxymore — 22 novembre 2009 @ 3:50
Le livre illustré à 65 centimes
Un livre trésor pour toi. A l’eau de rose, jeune fille. Qui te l’a emprunté ? Qu’importe. Ce prêt a mal tourné, et souvent tu y penses. Souvent, depuis tout ce temps, tu le recherches en vain.
Un jour de Noël, tu le redécouvres, là, parmi tous les cadeaux. Magie d’un achat sur le net. Dans tes mains vieillies, tu tournes et retournes l’ouvrage. Tu es heureuse. On dirait une enfant. Oui, c’est bien lui. Le médecin des pauvres.
Les pages ocrées, ondulées au bord, comme déchirées, ourlées en dentelles comme de vieux parchemins usés, impriment sur tes yeux leurs caractères floutés, presque effacés de tant de lectures passées. Un calque translucide, scotché, laisse diffuser la couverture illustrée de couleurs vives, d’ombres en traits de plume, striées, et peine encore à soutenir et contenir ensembles toutes ces feuilles fatiguées.
Les Comtois et les François guerroyant transpirent et s’estompent tels des fantômes laiteux, en icônes oubliés, au travers du papier huilé.
Tu n’oses pas trop le feuilleter tant, comme toi, il semble si fragile. Mais soudain, cette image au cœur du roman te fascine. Un grand destrier blanc dépasse en trombe un fougueux coursier brun qu’une jolie jeune fille, toute d’or vêtue, s’emploie à brider dans son élan. Habillé de noir, un panache mauve flottant dans les feuillages glauques et bronzés de la forêt, un sombre cavalier tente de l’arrêter. C’est le beau capitaine Lacuzon, le héros du roman.
Sais-tu alors, en cet instant, que bientôt par un triste matin de février, l’ombre furtive du capitaine retrouvé repassera chez toi ?
Et qu’alors, il arrêteras ton cœur pour le suivre au plus profond du terme de cet autre récit ? Le récit de ta vie.
http://idata.over-blog.com/1/41/53/89/IMG-0714.jpg
Comment by Oxymore and more — 22 novembre 2009 @ 4:04
La piqûre du diable a laissé ses traces
Il y a des nuits où on ne veut pas dormir
On pleure quelques douleurs éparses
On ferme les yeux et puis envie d’en finir
Mais il faudra bien que j’aime encore
Tous ces parfums de printemps fleuris
Bruit des vagues et reflets d’or
Qui dansent sur la mer chaque nuit
Il me faudra des matins d’hiver
Entendre mes pas sur la neige
Me dire que demain, comme hier
L’amour me tendra encore des pièges
Puis il me faudra des Noëls à rêver
Aux anges qui n’existent pas du tout
Chercher tes lèvres et t’enlacer
Et t’entendre encore dire « nous »…
Puis je briserai tous les miroirs
Pour me regarder dans tes yeux
Il y aura des jours tissés d’espoir
Et puis d’autres moins heureux
Et si un jour je baisse les bras
Rappelle-moi que tu m’aimes
Et que tu serais triste sans moi
Comme on lit dans les poèmes
On devient tous des menteurs
On joue les sous-entendus
Puis on tremble et quel malheur
Le premier qui pleure a perdu
Il y a encore tant de rêves à venir
Il y a encore tant de rires et de joie
Et si j’entends encore le diable rire
Je me blottirai doucement contre toi
Comment by Armando — 22 novembre 2009 @ 6:20
Dans mon cœur…
Quel calme
À lire si tard
Les mots défilent
Sur le fil de mes yeux las
Ce sont mille et une phrases
Vides, dévidées qui passent
Sans traces
Sur mes pensées
Quel calme
Comme les aiguilles qui tournent
En pas romains le long des chiffres
Valsent mes cils
S’évadent mes rêves
Se ferme le rideau
Quel calme
À toi je songe
Une pensée s’infiltre doucement
À travers mon corps allongé
Et s’arrête de vivre dans mon cœur
Ptit loup
Comment by Ptit loup — 22 novembre 2009 @ 7:06
Je pensais pouvoir m’offrir un peu de repos, une douce parenthèse et m’isoler quelques minutes loin du bruit et du stress… j’ai repéré hier déjà cette petite pièce, avec ses coussins accueillants et la lumière qui s’invite à travers les boiseries rouges. Un asile hors du tumulte pour me ressourcer et me plonger encore dans ce recueil de poèmes qu’Angelo m’a offert et que je trimbale depuis dans mon sac ! Quelques minutes me suffisent pour déguster une poignée de vers, quelques minutes me suffisent pour m’évader … M’évader, cela devient de plus en plus nécessaire pour supporter la pression, pour avoir la patience lors des séances multiples, pour accepter les reproches des créateurs, pour me plier aux contraintes si nombreuses de ce métier ! Quand les paillettes ternissent et que la lumière s’éteint, que reste t-il ? Mais, ma retraite aura été de courte durée : je viens d’entendre le rappel. Voilà, c’est l’heure. L’heure de me présenter pour les retouches maquillage … l’heure de faire briller la haute couture française … allons, ce sera le dernier, je me le promets depuis trop longtemps pour ne pas m’y résoudre maintenant ! Le dernier défilé oriental collection Automne Hiver du grand Pol-Jean Galthier …
Comment by Chris — 22 novembre 2009 @ 7:07
Carnet de voyage
Elle tremble contre mon cou la chaleur du jardin
Et je sens sur ma peau l’éclatante lumière
Qui ruisselle à la fenêtre et dépose sur le satin
Mille grains irisés, mille éclats éphémères …
J’ai relu maintes fois ta prose de poète
J’ai marché dans tes pas et bu dans ton regard
Embarquée sur tes mots, passagère discrète
Je voyage avec toi, j’embrasse tous tes départs …
Tu m’offres le chemin, je me fonds dans tes bleus,
Je frémis quand ta main m’offre à l’horizon
L’azur en manteau, des nuages à mes cheveux
Et les soleils couchants en sequins sur mes jupons …
De tes mots voyageurs, je veux encore vibrer
Me laisser porter par tes fils conquistadors
Toi mon cher nomade, mon amour aventurier
Reviens vite tracer tes souvenirs sur mon corps …
Comment by Hespérie — 22 novembre 2009 @ 7:30
Vos textes sont des merveilles de lecture. Envie déjà de vous lire dimanche prochain, même si, pour une fois, je sèche grave…
Comment by Armando — 22 novembre 2009 @ 14:39
Tout à fait en accord avec Armando..j’ai découvert tous ces textes avec bonheur, ils ont tous leur singularité et nous font vraiment voyager poétiquement! Un plaisir intense à les découvrir!Merci à vous!
Comment by claudie — 22 novembre 2009 @ 16:12
Chacun à sa manière autour d’une toile poser des mots … Denise , Claudie , Oxymore, Armando, Ptit loup : Quel bonheur de vous lire tous, de vous retrouver ici pour notre dominical rendez-vous !
Mes bises qui sourient en vous disant Bravo ! 😉
Comment by Hespérie — 22 novembre 2009 @ 16:54
Tu sèches « grave » Armando ? pas possible !
Une muse à partager ? 🙂
Comment by Hespérie — 22 novembre 2009 @ 16:55
L’automne finissant avec ses bancs de brume… et vos mots tendresse, aux multiples couleurs, si poétiques pour réchauffer les coeurs! Merci pour l’émotion éprouvée à vous lire! Excellente semaine à tous ainsi qu’à notre merveilleuse Lali qui permet de croiser nos chemins en son pays de rêve ! Chaleureuse pensée et mon sourire pour vous..
» Ecrire, c’est tout petit, à peine un souffle d’air, le ploc d’un caillou sur le tambour de l’eau, une larme à la mer, le bruissement des feuilles, une page qu’on tourne, mais le poids de chaque mot agrandit l’horizon. L’encre éclate comme ne foudre noire. Ecrire est une façon d’aimer » Jean Marc La Frenière
Comment by Chantal — 22 novembre 2009 @ 17:34
C’est toujours un grand moment et une belle découverte de lire le dimanche les textes où chacun dépose ses mots avec tendresse. Un magnifique moment de bonheur et de partage!
Bises à vous tous!
Comment by Denise — 23 novembre 2009 @ 7:15