Ce qui fut 4
Le tout, le rien
Te soit la grande neige le tout, le rien,
Enfant des premiers pas titubants dans l’herbe,
Les yeux encore pleins de l’origine,
Les mains ne s’agrippant qu’à la lumière.
Te soient ces branches qui scintillent la parole
Que tu dois écouter mais sans comprendre
Le sens de leur découpe sur le ciel,
Sinon tu ne dénommerais qu’au prix de perdre.
Te suffisent les deux valeurs, l’une brillante,
De la colline dans l’échancrure des arbres,
Abeille de la rie, quand se tarira
Dans ton rêve du monde ce monde même.
Et que l’eau qui ruisselle dans le pré
Te montre que la joie peut survivre au rêve
Quand la brise d’on ne sait où venue déjà disperse
Les fleurs de l’amandier, pourtant l’autre neige.
Yves Bonnefoy, Ce qui fut sans lumière
*choix de la lectrice de Maurice Barraud