Le veilleur amoureux 3
Jardin du Luxembourg
Par une trouée bleue les toits là-bas s’estompent
Entre le zinc luisant et les ardoises.
Voici qu’entre une mer dans la cité fossile. Si tu t’arrêtes
Depuis l’allée sous la terrasse, tu verras redescendre
Le bleu jusqu’au toit des immeubles: large plaine, tu le devines,
Océan que le silence des voitures, c’est dimanche, fait entendre.
Son ténu parmi les souvenirs. Est-ce la mer? Est-ce enfin la promesse
D’une liberté dans les rues où les pas te conduisent?
Au milieu de ses arbres domestiqués, le jardin aimerait
Bien saisir, sur le bassin où tanguent les bateaux à voiles,
– le bleu du ciel, les cartes veinées de sanguine, l’horizon pâle
Dont rêvent ceux que bannit la ville.
Philippe Delaveau, Le veilleur amoureux
*choix de la lectrice de Jean Gouweloos