Le bruit des couleurs 3
journée brumeuse
aucun repère sur le fleuve
pour ancrer le regard
Jimmy Poirier, Le bruit des couleurs
*choix de la lectrice de Carolyn Anderson
journée brumeuse
aucun repère sur le fleuve
pour ancrer le regard
Jimmy Poirier, Le bruit des couleurs
*choix de la lectrice de Carolyn Anderson
Charlotte Gingras n’est pas une débutante, loin de là. Elle a remporté deux fois le prix du Gouverneur général pour des romans destinés aux jeunes. Mais c’est la première fois qu’elle signe un roman destiné aux adultes. Et quel roman! No man’s land est un roman bouleversant, dont on ne sort pas tout à fait intact.
De la première phase où la narratrice utilise le « tu » pour s’adresser au lecteur à la dernière de l’auteure pour parler d’« elle », je n’ai pu m’éloigner des personnages de No man’s land. Éden et Jeanne me suivaient partout. Je les voyais dans chaque visage abîmé par la vie, dans chaque itinérante, dans chaque adolescente déjà mère, alors que je prenais mon temps pour ne pas arriver à la fin de cette histoire qui, si elle nous montre à quel point la violence est présente dans nos vies, nous révèle à quel point l’amour peut nous pousser à aller au-delà des limites imposées.
Jeanne et Éden avaient peu de chances de se rencontrer. Très peu. Et c’est peut-être parce qu’il y avait peu de chances qu’elles se retrouvent dans un même lieu en même temps que leur rencontre est déterminante. L’une et l’autre sont à bout de ressources, aux prises avec la peur.
La plus jeune tend la main dans le métro alors que l’aînée a tout quitté. Elles ne savent pas encore qu’à partir de ce moment, plus rien ne sera pareil, que tout va désormais changer et qu’elles s’épauleront l’une l’autre comme si elles étaient du même sang.
Éden, l’adolescente qui a laissé mourir son enfant, est en train de se laisser mourir elle aussi tant elle se laisse porter par la dérive, sans point de repère pour tenter de s’en sortir, parce qu’élevée au sein d’une famille dysfonctionnelle et pauvre. Jeanne sait qu’elle va vers la mort dans un futur plus ou moins lointain, mais elle ne veut pas y faire face seule.
C’est là la beauté de cette histoire finement racontée, sans se perdre dans des détails, mais avec suffisamment d’éléments, voire d’anecdotes, pour que nous nous attachions à ces deux êtres usés par la vie. Ces femmes qui, pourtant, n’aspiraient qu’au bonheur et dont on les a privées jusqu’à ce qu’elles se « trouvent ».
Oui, No man’s land est un roman bouleversant, grave, mais qui donne à sourire à certains moments qu’on sort de celui-ci avec un nouvel appétit pour la vie. Malgré les imperfections de celle-ci, malgré l’injustice flagrante, malgré la peur, malgré tout cela. Parce qu’il y a quelque part une lumière peut-être vacillante qui éclaire le chemin de quelqu’un qui ne demande qu’à nous connaître.
Intitulée Mots d’amour, cette sublimissime et ravissime carte postale envoyée par Nathalie est la reproduction d’une illustration de Benjamin Lacombe, écrivain et illustrateur, dont chaque album est une merveille. Si, si, une pure merveille. Rien de moins.
En un mot, la poésie ne peut exister sans l’émotion, ou, si l’on veut, sans un mouvement de l’âme qui règle celui des paroles. (Paul Claudel)
*illustration de Beatrice Alemagna
rafale d’octobre
avec elles s’envole
la couleur des arbres
Jimmy Poirier, Le bruit des couleurs
*choix de la lectrice d’Ernst Anders
Les cartes postales reproduisant des publicités d’époque me plaisent de plus en plus. Ainsi, celle-ci, datant de 1885, vantant les mérites des toutes nouvelles salles de bains, notamment ceux des « lavabos de style », que j’ai obtenue en échange d’un paysage hivernal de chez nous.
baie vitrée
une toute petite goutte
relie ciel et mer
Jimmy Poirier, Le bruit des couleurs
*choix de la lectrice de Vasile Grigore
Il m’arrive parfois d’avoir une envie folle de m’échapper, de sortir du cadre rigide auquel je suis tenue certains jours et de m’envoler loin de tout ce qui me retient au sol.
L’envie, seulement. Car je connais l’antidote parfait pour contrer celle-ci. Un antidote tout simple et tellement efficace qu’il me permet pendant plusieurs heures de partir sans faire ma valise.
Je n’ai qu’à naviguer, qu’à me promener au pays des images et à me poser quand je me sens bien dans un endroit où il fait bon les couleurs et l’imagination.
Aujourd’hui, j’ai croisé l’univers de Laura Sua.
Et je vole. Je vole.
La jolie 2CV photographiée par Helmut Krackenberger, que m’a envoyée Mélanie, me donnerait presque envie de m’y installer afin de faire partie du prochain défilé de la Saint-Patrick dans les rues de Montréal tant la couleur est parfaite pour l’occasion. Mais petit détail à ne pas négliger : la voiture est en Ardèche.