Si vous aimez les beaux albums, les très beaux albums, ceux qui savent attendrir par la poésie qui se dégage à la fois des textes et des images, Cerise Griotte est pour vous, que vous ayez de petites ou de grandes mains, tant j’ai de plus en plus l’impression que certains albums destinés aux jeunes gagneraient à être mis entre les mains des adultes.
Cerise (qui n’aime pas les cerises, au fait) est une petite fille fermée sur elle-même, qui passe le plus clair de son temps seule, avec pour seuls compagnons de vieux livres qui la passionnent et qui lui permettent de s’évader tandis qu’elle regarde par la fenêtre ce qui se passe dans ce monde qu’elle ne fréquente pas. Jusqu’à ce qu’un jour elle s’éprenne d’un shar-Peï abandonné ou perdu, qui se trouve à la fourrière où son père travaille. Et qu’elle ne souhaite qu’une chose : que ses maîtres ne viennent jamais chercher celui qu’elle a baptisé Griotte, ce qui ferait en sorte qu’elle ne soit plus jamais seule.
Cerise m’est pas une petite fille comme les autres. Elle a même développé une langue bien à elle où abondent les verbes, probablement parce qu’elle s’est imprégnée de ses lectures. Et cela ajoute au charme de cette histoire un peu triste, mais tellement pleine de tendresse, qui fera craquer même le moins sensible des lecteurs à cause de ses images à la beauté grave et aux couleurs sombres et du texte qui révèle à demi-mots et en demi-teintes les secrets de l’âme.
Un magnifique album que celui-ci, signé Benjamin Lacombe que j’appelle « l’enchanteur » parce que chacun de ses livres est un pur enchantement.
Cerise Griotte ne fait pas exception.