Les vers d’Anna 2
Il était tendre, jaloux, empressé,
Il m’aimait comme on aime le Bon Dieu.
Et pour qu’il ne rappelle plus le passé.
Il a étranglé mon oiseau précieux.
Il entre le soir dans ma chambre pour dire :
Aime-moi, fais des poèmes, sois gaie,
Et j’ai mis en terre l’oiseau du sourire
Derrière le puits, sous les aulnes élagués.
Je lui ai promis — je ne pleurerai pas.
Mais j’ai une pierre à la place du cœur;
Et à tout instant, et où que je sois
Je guette la voix de mon oiseau chanteur.
Anna Akhmatova, Anthologie
*choix de la lectrice de John Brewster Jr