Puisque 2
C’était une fin ordinaire
Le soleil terminait sa course
Sur le dos noir de la colline,
Pendant que le pin dans la source
Baignait le bois de ses racines.
Moi je remontais le sentier,
Tout imbibé d’odeurs légères,
J’écoutais le merle dernier
Caché dans le frais des fougères.
Le ciel préparait mon manteau
Couleur d’étoile et d’infini,
Mon décor me parut nouveau
Quand Lune sortit de son lit.
Lune fidèle à l’enfant-plume,
Lune éternelle aux yeux mouillés,
Lune aux flambeaux toujours allume
Mon cœur qu’une femme a souillé.
La nuit était partout dehors
Et la forêt chantait debout,
De mille voix, pour mille morts,
Comme certains le feraient souls.
C’était une fin ordinaire,
Sans apothéose et sans cri.
Enterrement au limonaire
D’un jour que personne n’écrit.
Moi il me plairait de mourir
Un soir pareil et sans alarme,
Le firmament pour tout sourire,
L’écho du temps pour toute larme.
Aurélien Dony, Puisque l’aube est défaite
*choix de la lectrice de Giovanni Battista Canevari