Le violoniste Léo Sinclair, le héros imaginé par la romancière Arièle Butaux, aussi pianiste, altiste et animatrice à Radio France, n’est pas un être pour qui on éprouve d’emblée de la sympathie. Artiste brillant, il excelle sur scène, plait au public et à la critique, et fait partie de ceux qui n’hésitent pas à écraser quiconque pourrait lui faire de l’ombre. Manipulateur, égocentrique, arriviste, Léo Sinclair raconte ici comment il a atteint les sommets jusqu’à ce que tout dégringole par sa propre faute alors que les femmes qui l’ont aimé ou admiré, proposent à tour de rôle leur interprétation des faits.
Construit à la manière d’une fugue où s’opposent sujet et contre-sujet, Violon amer est d’abord et avant tout un roman psychologique portant sur les mensonges et l’impact de ceux-ci sur les vies d’un violoniste et de chacune des personnes de son entourage. La musique prend bien sûr une certaine place dans le roman d’Arièle Butaux, mais elle aurait pu être beaucoup plus grande à mon avis. C’est là le choix de l’auteure que de nous raconter la vie erratique d’un violoniste plutôt que sa passion pour la musique qu’on ne découvrira qu’à la toute fin à la faveur d’un événement qui va changer toute sa vie et nous le rendre un peu plus humain.
Violon amer n’est pas un grand roman, mais la lecture en est agréable. Et le livre terminé, il reste en tête une seule envie : découvrir les sonates d’Ysaÿe. Celles-ci constituent presque à elles seules la trame musicale du roman, même si d’autres œuvres sont mentionnées. Et rien que pour ces sonates (notamment la troisième, dont je vous suggère interprétation d’Hilary Hahn), le livre valait la peine, malgré le fait que je n’ai pas réussi à m’attacher à son héros, ni à comprendre l’attirance qu’il suscitait.
Titre pour le Challenge Des notes et des mots