Les vers de Chantal 6
Je ris sur ta peau
que j’avais prise pour la mienne
tout bas
pour ne pas l’effaroucher
Chantal Motard, Les enfarges du temps
*choix de la lectrice d’Henry Bone
Je ris sur ta peau
que j’avais prise pour la mienne
tout bas
pour ne pas l’effaroucher
Chantal Motard, Les enfarges du temps
*choix de la lectrice d’Henry Bone
Roman publié un quart de siècle après la mort de son auteur, Alvès & Cie, de l’écrivain et diplomate José Maria de Eça de Queirós ou Queiroz, qui a notamment séjourné à Montréal (où un des bancs mettant à l’honneur des écrivains portugais lui est dédié), est un formidable comédie qui n’a rien à envie à certaines pièces de Feydeau où tout est bien qui finit bien quand l’ombre du drame a disparu.
C’est à Lisbonne, dans les beaux quartiers, alors que le XIXe siècle tire à sa fin que Godofredo trouve sa Lulu chérie dans les bras de Machado, son jeune protégé devenu son associé, et cela le jour même de son quatrième anniversaire de mariage. Il lui faut donc sans tarder réagir et prendre une grave décision afin de punir la coupable : la retourner chez son père. Et bien entendu, affronter Machado en duel.
Mais Godofredo ne veut pas tuer Machado. Il ne veut pas mourir non plus. Et puis, ce n’est peut-être pas si grave. C’est ce que disent ses amis qui veulent à tout prix qu’il sorte cette idée de duel de sa tête au même moment où ses employées de maison lui rendent la vie dure parce qu’il a chassé sa femme.
Le tout est d’un burlesque qui séduira même le plus blasé tant ce portrait d’une certaine bourgeoisie à une époque révolue est réussi. Très réussi. Un roman réjouissant. Malgré le drame. Enfin, le presque drame.
Il y avait pourtant foule autour d’elle. Pas très loin, le Festival international reggae de Montréal se préparait.
Mais la lectrice du Vieux-Port était plongée dans son livre. Rien n’aurait pu la déranger.
Croqués rue Saint-Denis, des escaliers et des balcons fleuris et colorés. Aussi jolis que des sourires.
« Elle m’inspire! » Ce sont les mots qu’il a employés pour me parler de la lectrice de la semaine avant de plonger sa plume dans l’encre. Est-ce aussi votre cas? Nous le saurons demain!
*toile de Thomas Sully
Et dans le silence du matin, à cette heure où il faisait jour il y encore peu de temps, juste respirer. Longuement respirer. Écarter de mon esprit quelques remarques glanées ici et là au fil des deux derniers jours alors qu’il a fallu vivre en groupe. Parce qu’on doit, semble-t-il, faire le point. Une fois par année. Pour mentionner les bons coups. Ne pas négliger ce qui a été acquis. Analyser les courbes descendantes. Semer. Et prolonger les journées bien chargées. Autour d’un verre, d’un repas. Voire même d’un samedi à la campagne.
Mais il faudra faire sans moi. J’ai besoin de respirer. Et je n’y arrive pas en groupe. Vraiment pas.
*toile d’Henri Matisse