
Je n’ai pas eu à lui dire à quel point ses remarques sont insipides, combien, en ce qui me concerne, tout ce qu’il dit tombe à plat, malgré les bouches béantes d’admiration qu’il semble susciter autour de lui. Il s’est éclipsé avant.
Je n’ai pas eu à lui montrer la porte en indiquant que je préférais les phrases de mes livres aux siennes truffées de clichés et de lieux communs empruntés aux émissions de télé ou de radio qu’il semble priser afin de se donner un peu de la culture qu’il n’a pas pour l’étaler sur les plages de son ignorance. Il ne m’adresse plus la parole.
Je n’ai pas eu à lui dire ses quatre vérités, qui seraient devenues dans la bouche de la plupart de ses admiratrices, car sa cour se constitue particulièrement de femmes, des méchancetés, contre lesquelles elles se seraient bien sûr élevées en me donnant tous les torts. Il change de trottoir pour ne pas me saluer.
Se rendre compte que je voyais clair dans son jeu, si tel est bien le cas, est la seule chose qui prouve qu’il n’est pas tout à fait bête. Quoique. Laissez-moi mes doutes.
*toile de Charles Kaufman