Quelques poèmes de Verhaeren 1
Le recueil du poète Émile Verhaeren, figure majeure de la littérature belge mais trop peu connu selon ceux qui l’apprécient — dont je suis —, Les heures claires, publié en 1896, attendait la lectrice peinte par Lilla Cabot Perry. Laquelle s’est longuement attardée avant de s’arrêter sur ces vers :
Comme aux âges naïfs, je t’ai donné mon cœur,
Ainsi qu’une ample fleur,
Qui s’ouvre pure et belle aux heures de rosée;
Entre ses plis mouillés ma bouche s’est posée.
La fleur, je la cueillis avec des doigts de flamme,
Ne lui dis rien : car tous les mots sont hasardeux
C’est à travers les yeux que l’âme écoute une âme.
La fleur qui est mon cœur et mon aveu,
Tout simplement, à tes lèvres confie
Qu’elle est loyale et claire et bonne, et qu’on se fie
Au vierge amour, comme un enfant se fie à Dieu.
Laissons l’esprit fleurir sur les collines
En de capricieux chemins de vanité,
Et faisons simple accueil à la sincérité
Qui tient nos deux cœurs vrais en ses mains cristallines
Et rien n’est beau comme une confession d’âmes
L’un à l’autre, le soir, lorsque la flamme
Des incomparables diamants
Brûle comme autant d’yeux
Silencieux
Le silence des firmaments.