La suggestion du 30 décembre 2010
Et si la lectrice de l’artiste Elizabth Shippen Green délaissait un peu son livre afin d’emmener son auditoire visiter un bien joli lieu artistique et inspirant?
Et si la lectrice de l’artiste Elizabth Shippen Green délaissait un peu son livre afin d’emmener son auditoire visiter un bien joli lieu artistique et inspirant?
Une magnifique histoire que celle qui unit la neige et la lumière et dont Armando a été le témoin privilégié.
[…] le détour est le chemin le plus riche et le plus désirable qui mène de soi à la vie. (Christophe Lamoure)
*toile de Benjamin Wu
Nul besoin de chercher à tout prix Anna Karénine dans les rayons de votre bibliothèque avant de commencer à écrire, comme l’a fait le personnage peint par José Luis Gutiérrez Solana. En effet, même si la toile représente l’héroïne de Tolstoï, il n’y a aucune obligation à la mettre en scène dans l’histoire que vous choisirez de nous raconter.
Mais comme le temps passe vite et que les festivités risquent de vous occuper demain et samedi, je me permets de vous rappeler la toile de la semaine à tout hasard afin que vous puissiez lui donner vie grâce aux mots que vous déposerez avant dimanche, 8 heures, heure du Québec. Puis-je compter sur vous?
Croquer quelques pages de l’un. Puis de l’autre.
Les savourer comme on déguste des morceaux de pomme.
Et m’imprégner de leur goût dans le jour qui naît.
*toile d’Elyse Gerard
De nouveau, le vent.
Les mots perdus, grains de
lumière, grains de silence,
virevoltant dans l’air.
Je n’ai plus peur.
Autrefois : la vie
impossible, l’amour
retourné à l’ordre
du monde.
Chargée de sang
et de muscles,
j’ai traversé la rivière.
Tout un siècle encore.
Avec toi, livrés
au mystère.
Élise Turcotte, Piano mélancolique
*choix de la lectrice de Beth Zaiken
Ce n’est qu’en 2008 qu’a paru le journal qu’Hélène Berr a tenu entre 1942 et 1944, dont le manuscrit a été déposé au Mémorial de la Shoah (à Paris) en 2002.
Sa parution est d’autant plus importante qu’il existe peu de documents de ce genre, à savoir des journaux intimes tenues par des jeunes Juives, dont les plus connus restent ceux d’Anne Frank et d’Etty Hillesum, vivant toutes deux aux Pays-Bas.
Or, c’est à Paris que vit quotidiennement Hélène Berr, étudiante brillante à la Sorbonne, férue de littérature anglaise, musicienne accomplie et dont la plume promettait un bel avenir, lequel a été brisé par son séjour à Drancy puis sa mort à Bergen-Belsen, à quelques jours de la libération du camp. Un Paris qu’elle relate pour qu’on n’oublie pas, car très vite elle a conscience que l’inévitable finira par arriver et qu’elle ne pourra rien faire contre ça, car tant de gens autour d’elle sont arrêtés, emprisonnés. Tant de gens partent et ne reviennent jamais à mesure que des échos de persécution et de torture viennent aux oreilles de ceux qui sont toujours là. Qui ne fuient pas. En sachant le danger qu’ils courent, mais en tentant de continuer à vivre comme avant, comme si rien n’avait changé, comme si Paris n’était pas occupé, comme si nul ne portait l’étoile jaune. En aidant ceux qui attendent des nouvelles, ceux dont les leurs ont été capturés, battus, tués. En aidant ces orphelins dont on a pris les parents.
Et en même temps, il y a tout le drame intérieur d’Hélène, ses questions, ses sentiments, alors qu’elle relate ses allers et venues, les renseignements qui viennent à ses oreilles, ses lectures. Ce drame qui est celui de l’incompréhension face à tant de haine. Un drame (d)écrit avec beaucoup de finesse et souvent inspiré par ce qu’elle lit (Keats, notamment).
Un autre témoignage, diront certains. Oui, un autre. Mais aussi un autre regard, car il n’y a jamais deux regards identiques sur les choses. Et celui d’Hélène Berr apporte un nouvel éclairage sur un sujet sur lequel on croyait tout connaître. Mais dont finalement nous ne connaissons que les bribes qui sont parvenues jusqu’à nous, d’où l’importance de continuer à publier ce genre de document.
Un univers coloré, voilà ce que je vous invite à découvrir, lequel saura sûrement redonner son sourire à la lectrice peinte par Marianne Stokes.