Le carnet de Montréal 3
C’est la lectrice du peintre Matthew Pratt qui ce soir avait rendez-vous avec le recueil de Carl Norac intitulé Le carnet de Montréal. Un recueil de poèmes en prose dont elle a voulu retenir celui-ci :
19 mai
Je demeure du parti du vent, du clan de la distance. Mon détachement est une propriété de l’œil et mon errance une élévation. Je vais où l’on m’exauce et je me crois partout plus proche d’un nœud intérieur, d’une soute de sang, d’un équilibre savamment maintenu entre le vertige et le fleuve. En vérité, je n’ai guère de talent pour le vide. À l’inverse, je demande à emplir, à assourdir un corps de ma présence, une bouche de ma langue et une ville de mon silence.