Les poèmes d’Yves Bonnefoy 8
La lectrice peinte par Deborah G. Ridgley n’a pas été longue à choisir parmi les poèmes d’Yves Bonnefoy celui qui lui plaisait. À peine en a-t-elle lu quelques-uns que son choix s’est fait de lui-même. Ce serait celui-ci et pas un autre :
Imagine qu’un soir
La lumière s’attarde sur la terre,
Ouvrant ses mains d’orage et donatrices, dont
La paume est notre lieu et d’angoisse et d’espoir.
Imagine que la lumière soit victime
Pour le salut d’un lieu mortel et sous un dieu
Certes distant et noir. L’après-midi
A été pourpre et d’un trait simple. Imaginer
S’est déchiré dans le miroir, tournant vers nous
Sa face souriante d’argent clair.
Et nous avons vieilli un peu. Et le bonheur
A mûri ses fruits clairs en d’absentes ramures.
Est-ce là un pays plus proche, mon eau pure?
Ces chemins que tu vas dans d’ingrates paroles
Vont-ils sur une rive à jamais ta demeure
« Au loin » prendre musique, « au soir » se dénouer?