Angle 8
Elle s’est allongée à même le sol. Comme si elle était chez elle. La lectrice peinte par Eszter Sipos avait bien l’intention de prendre son temps. Tout son temps. Ce qu’elle a fait. Puis, elle a laissé le recueil de Robbert Fortin intitulé Personne n’a trouvé d’angle à la beauté ouvert sur ce texte :
Tu n’as plus d’arbre à perdre
Rappelle-toi que tout change
tu n’as plus de détour à prendre
comme excuse de circonstance
pour demain ni d’arbre à perdre
ça laisse songeur
soigne ton grand saule au bout de l’île
deux cent cinquante anneaux d’écriture
pas un seul allaité par Saturne
ça devrait compter ça pour nous venger
de l’incohérence des chiens
épines ne t’intéressent pas
ni chicots d’hommes secs
quand ils déplient leur guerre
on l’avait compris
travail sur soi à faire
les longues descriptions
ne nous éviteront jamais le pire
les exemples fatiguent
ceux qui ne pensent plus
à protéger les arbres
tu t’en remets à ceux qui font l’effort
de sensibiliser les autres à la cause
tu voudrais seulement
un coin de fraîcheur à l’ombre
vert sans frein d’usure
va prendre une marche
un seul arbre et tu es sauvé
(Île de la Cité, Paris)