
Même si je ne fais pas partie de ces inconditionnels de l’écrivain Michel Tremblay qui attendent chacun de ses livres avec une impatience démesurée dès qu’il est annoncé, il est une phrase de lui fort connue que j’aime bien paraphraser à ma manière et qui dit ceci :Tu peux sortir la fille de l’est mais pas l’est de la fille!
Dans mes mots, cela devient : Tu peux sortir une libraire d’une librairie, mais tu ne peux pas sortir la librairie d’une libraire! Et c’est à cette phrase « arrangée » que je pensais samedi soir dernier après une petite virée à la librairie Henri-Julien, une véritable caverne d’Ali Baba où je me suis sentie comme un poisson dans l’eau, même si je n’y avais pas mis les pieds depuis quelques années.
Michel Lefebvre, qui connait son fonds et qui aime les livres à la folie — prenez le temps de lire cette entrevue avec lui pour vous en convaincre — vous accueille avec gentillesse et ne vous demande pas ce que vous cherchez toutes les cinq minutes. Mais si d’aventure vous avez envie de lui piquer une jasette, surtout que l’endroit se prête à la chose, vous découvrirez un homme érudit et passionné.
Il y a dans cette librairie minuscule des livres jusqu’au plafond, des piles partout, des sections qui débordent. Le lieu est exigu et on ne peut pas tenir à deux dans certains recoins. Mais quel bonheur de constater qu’il y a dans cet antre dédié au livre ancien un véritable respect pour les livres, ce qu’on ne trouve plus dans les librairies de livres neufs qui ne servent que d’étalage entre des allers et retours entre les distributeurs et celles-ci. Ce qui me fait dire que si un jour dans ma vieillesse je redevenais libraire je ne vendrais pas de livres qui viennent de paraître, mais bien des livres qui ont vécu.