C’est à Mamarrosa, dans l’Alentejo, de l’écrivaine Monica Ali, native du Bangladesh et à qui on doit Sept mers et treize rivières (que je n’ai pas encore lu), que se déroule le roman Café Paraíso. Un roman constitué d’une suite de chroniques mettant en scène quelques acteurs, fort différents les uns des autres, mais qui se trouvent liés parce que tous fréquentent le café tenu par Vasco.
Certains personnages n’ont jamais quitté Mamarrosa, d’autres sont partis et sont revenus après un séjour à l’étranger (entre autres Vasco), d’autres sont là pour un temps (un écrivain venu y terminer son roman; deux couples de touristes), d’autres encore ont tout quitté pour l’Alentejo (une famille anglaise quelque peu dysfonctionnelle qui a pensé trouver là-bas une vie à la hauteur de ses rêves de liberté), tandis qu’une adolescente ne rêve que d’ailleurs afin d’éviter une vie semblable à celle de sa mère et à celle qu’auront toutes ces jeunes femmes qui ne partiront jamais.
Un roman sur les illusions comme les désillusions, sur ces secrets que chacun porte en soi et que le regard des autres tente de déceler, sur ce qui n’est plus et sur ce qui est immuable, sur une région qu’on dit la plus pauvre du Portugal, avec ce qu’elle a de riche et d’unique qui fait que ceux qui y vivent comme ceux qui y débarquent, y sont tellement attachés qu’il devient pour la plupart d’entre eux difficile de la quitter ou alors, de l’oublier.
Un roman que d’aucuns pourraient trouver triste, parce que les personnages portent tous sur les épaules un peu de cette saudade qui n’est triste que quand on n’en saisit pas le sens, à savoir un bonheur mélancolique (ou nostalgique) en même temps qu’une tristesse souriante.
Comme il s’agit du regard d’une étrangère sur les gens, sur une portion d’un pays, peut-être faudrait-il demander l’avis d’un Portugais? Quelqu’un en connaîtrait-il un?