Les mots venus de Roumanie 4
La lectrice du peintre expressionniste allemand Karl Schmidt-Rottluff a pris ses aises. Pas question qu’elle ne précipite sa lecture des 50 poèmes du poète roumain Tudor Arghezi. Puis, elle a laissé le recueil ouvert sur ces mots :
Ma peine…
Ma peine du vendredi m’est bien plus douce le dimanche.
Je la goûte mieux lorsque tinte une cloche à la tour.
Les jours de la semaine me font pitié, me gênent.
L’an est opaque et le temps s’épaissit.
L’heure m’appelle du passé, révolue;
Aucune issue hors de celle-ci,
À travers la suie et la cendre.
Pourtant mon temps m’est cher,
Il m’appartient, ce me semble,
Dans la bravoure ou l’épouvante.
Es-tu héros? Es-tu couard?
Homme traîné comme un pesant manteau,
Sur sept boutons ne pendent plus que cinq.
Deux sont perdus.
L’un est là-haut, sur la montagne,
L’autre a roulé dans le ravin.
Écoute-le… Il tombe dans l’éternité.