Lali

10 octobre 2007

La lectrice de dos

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 22:06

pontes

Elle est de dos et il la regarde lire avec avidité. Il contemple la lectrice de Carl Pontes et il voudrait qu’elle pose son livre pour lui dire à haute voix les vers d’Eugénio de Andrade qui lui brûlent les lèvres :

J’inventerai le jour où avec toi
Et à l’automne j’irai courir par les rues.

La lumière que nous foulons est si parfaite
Qu’elle ne peut mourir, comme ne meurt
L’éclat du regard qui t’a vu te dévêtir.

Trouver d’abord

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 21:33

brewster

Il ne sait pas ce qu’il cherche. Mais il sait qu’en ouvrant le livre, il trouvera. Une phrase si belle qu’il aurait voulu l’avoir écrite? Une idée qui le fera rêver? Un passage qui ramènera à sa mémoire vacillante une brassée de souvenirs? Une image suscitée par quelques lignes? Il ne sait pas ce qu’il cherche. Le lecteur d’Anna Richards Brewster ne sait qu’une chose : il saura ce qu’il cherchait quand il l’aura trouvé. Trouver d’abord, chercher ensuite, a écrit Marguerite Duras.

Banc à Genève

Filed under: Vos traces — Lali @ 21:23

banc de geneve

On pourrait croire qu’il attend l’un d’entre nous. Pour s’y asseoir, seul ou pas. Pour lire. Pour rêver. Pour regarder le temps qui passe. Oui, on pourrait croire que Denise a laissé le banc libre pour celui d’entre nous qui voudra s’y installer.

Samedi matin à Lisbonne

Filed under: Ailleurs,Signé Armando,Vos traces — Lali @ 6:58

lisbonne

Alors que dans une heure un avion le ramènera vers Bruxelles, Armando a-t-il jeté un dernier regard attendri sur les cordes à linge si colorées de la banlieue de Lisbonne?

À même son dos

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 6:16

c_moreau

Et au réveil, la lectrice de Christiane Moreau trouvera peut-être au milieu des poèmes épars celui qu’il aurait voulu écrire à même son dos :

Il est des mots dont les baisers
Nous font penser qu’ils ont des lèvres,
Ces mots sont d’amour, ou d’espoir,
D’immense amour, d’espoir sans trêve.

Ces mots sont nus et ils embrassent
Lorsque la nuit perd son visage,
Ces mots sont nus et se refusent
Aux murs de ta déconvenue.

Des mots soudain hauts en couleur
Au milieu d’autres sans saveur,
Des mots épées, inespérés
Tels la poésie ou l’amour.

(Voilà le nom de qui l’on aime
lettre à lettre tout dévoilé
sur un bout de marbre distrait,
ou de papier abandonné.)

ce sont des mots qui nous transportent
là où la nuit est la plus forte,
jusqu’au silence des amants
qui s’étreignent contre la mort.

(Alexandre O’Neill)

Dans la nuit qui s’achève

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 6:06

ad2

Et dans la nuit qui s’achève, alors que le jour déjà n’est plus très loin, il transcrit pour elle qui dort encore ces poèmes que d’autres ont écrits comme autant de caresses sur sa peau. Pour lui dire ce qu’il ressent, pour lui exprimer son propre désir à travers celui d’autres poètes.

Et dans la nuit qui s’achève, alors qu’il veille sur son sommeil et va de temps en temps caresser son épaule ou sa joue, en prenant garde de ne pas la réveiller tout à fait, ou alors juste pour lui voler un tendre baiser avant qu’elle ne replonge dans le sommeil, le poète d’Anatoli Dovzhenko transcrit des rimes et des strophes pour qu’elle les trouve à son réveil, cadeaux d’un homme épris d’elle.