À la dernière minute
Il n’est pas encore vraiment réveillé. Mais il n’a pas d’autre choix que de s’y mettre. Plus que quelques heures avant de rendre son travail.
Pendant trois semaines, il s’est dit qu’il avait bien le temps, amplement le temps. Mais le temps a fini par filer et ce n’est que samedi qu’il s’est décidé. Enfin, un peu avant. Mais si peu. Pour se rendre compte avec effarement que le prof avait fait fort : on ne trouvait aucun résumé du livre sur la toile. Rien. Pas une ligne, pas une trace. Comme si ce livre n’existait pas.
Il lui fallait donc le lire.
Il me rappelle ces étudiants qui arrivaient à la librairie le samedi après-midi une demi-heure avant la fermeture et qui auraient voulu que je fasse le travail pour eux. Il me rappelle les parents affolés qui avaient fait douze librairies avant de trouver le dit bouquin.
Et à l’heure où le lecteur de Billy Sullivan traverse avec urgence la seconde moitié du livre, sait-il tout le plaisir auquel il échappe, sait-il tout le bonheur des mots auquel il s’est refusé par négligence et paresse?