N’importe lequel
Un signet oublié dans un livre, le prénom rare de quelqu’un qu’on croyait oublié et qu’on entend à la radio, une carte postale au courrier du jour provenant de cette ville où il est né, et la machine à remonter le temps se met en marche. Infaillible, retrouvant là les traces, le détail qui tue. Et la lectrice de David Rycroft perd pied, ouvre un livre, n’importe lequel, pour chasser les images, pour que disparaisse le souvenir d’une caresse sur son cou tandis qu’elle en prodiguait une au chat.
Et la lectrice ouvre un livre, n’importe lequel, pour que cesse ce vacarme dans son cœur, pour qu’elle ne fasse pas la folie d’un signe. Pour que se taisent en elle tous ces mots qu’elle voudrait lui dire, qu’elle ne veut pas lui dire.
Et la lectrice ouvre un livre. N’importe lequel. Pour s’imprégner d’une histoire qui n’a rien à voir avec ce trouble en elle.