
Chaque jour, une nouvelle lettre les rapproche. Plus que quelques semaines et ils seront réunis à nouveau. Et pourtant, elle sait si peu de lui. Tout en sachant tout de lui. Mais la vie étant ce qu’elle est, elle sépare parfois les êtres en installant des années et des océans entre eux.
Chaque lettre les rapproche, chacune lui racontant les démarches, les préparatifs. Pas à pas. Dans peu, elle comptera en jours, puis en heures, tout en sachant que les bateaux arrivent souvent plus tard que l’heure dite, mais parfois avant.
Chaque lettre dans laquelle elle lit la fébrilité la comble. C’est bien vrai. Il va venir jusqu’à elle. Non pas rattraper le temps perdu. Le temps qui passe ne se rattrape guère et tout le temps perdu ne se rattrape plus.
Ils iront marcher là où elle aime se promener. Ils iront sur les pas qu’elle a laissés derrière elle quand elle ne savait pas encore qu’il allait un jour revenir. Ils regarderont le ciel et les fleurs. Et peut-être qu’ils se tairont. Émerveillés devant tant de bonheur.
La lectrice de Joseph Pinos i Comes lui tienda le bras. Fièrement. À son autre bras s’appuiera sa dulcinée. Son frère aîné rentre enfin au pays.