Fin juin, ça voulait dire partir. Toute mon enfance et une partie de mon adolescence, ça a été ainsi, car c’est toujours à la fin juin que nous partions, que nous remplissions le coffre de la voiture à ras bord. Il fallait des vêtements, des serviettes de plage, des jeux, la glacière, des livres. Et au bout, une plage. Nous les avons presque toutes faites, de la pointe nord à la pointe sud de la côte est des États-Unis. Et quand il m’arrive de penser à ces vacances familiales, les souvenirs affluent et ne sont que ravissement.
Qu’il s’agisse du bébé crabe trouvé sur la plage de Virginia Beach et que nous avions mis dans un verre d’eau salée dans la chambre d’hôtel pour étudier son évolution; des galeries d’art d’Hyannis Port où nous entrions et où nous nous extasions; du jeu de Spirograph qui avait fondu sous le soleil de Miami Beach; du « Pilgrim Village » de Portsmouth où l’Histoire nous était racontée en costumes d’époque; de Walt Disney World vu sous la pluie battante en plein mois de janvier; des parties de tennis à 7 h du matin à Pompano Beach, lesquelles étaient évidemment suivies par une heure dans les vagues avant de déjeuner; de Moody Beach, près d’Ogunquit où l’eau était si froide qu’elle barrait les jambes; du homard de Bar Harbor; de ces routes qui longeaient l’Atlantique et que nous parcourions sans toujours savoir où nous allions nous arrêter; ce sont des souvenirs heureux et irremplaçables.
Et il y avait la mer et ses vagues. Les livres qu’on lisait tous les quatre sur la plage, comme les personnages du peintre Marc Tanguy. Et maman qui veillait et qui nous couvrait de crème solaire chaque fois que nous revenions de l’océan. Il me semble qu’en fermant les yeux l’odeur de cette crème me monte aux narines, encore un souvenir heureux. Comme celui du repas face à la plage de Daytona Beach, où le prix d’un repas pour enfant était celui de son poids en livres. À nous deux, ça n’avait pas du faire plus de 1,20 $, si ma mémoire est bonne. 1970, je crois.
J’ai été privilégiée. Mes parents n’ont jamais pris de vacances sans nous. Du moins, pas avant que nous ne partions seules ma sœur et moi, ensemble puis séparément. Pour eux, des vacances, c’était avec nous. Et parce que c’était ainsi, parce qu’ils savaient alterner les visites au musée avec les promenades sur la plage, parce que leur bonheur c’était de faire le nôtre, je leur serai toujours reconnaissante. Ils m’ont donné le goût des voyages, le goût de la culture et toutes ces choses qui font ce que je suis et pas une autre.