Le sourire du lecteur sur le banc
Il ressemble à celui que je croise un matin sur deux. Chaque fois, nous nous saluons timidement. Nous ne nous connaissons pas, mais nous savons de nous des habitudes : lui de lire dehors sur le moi, moi de marcher à l’heure de sa lecture. Parfois, j’aurais envie de m’asseoir à ses côtés et de lui demander s’il a lu quelque chose d’intéressant. D’autres fois, je sens qu’il voudrait peut-être aussi me dire quelque chose. Mais nous nous taisons. Le rituel entre celui qui ressemble au lecteur de Charles Sovek et la lectrice marcheuse que je suis est celui de nous saluer. Nul ne sait encore si un jour nous franchirons les barrières de notre pudeur pour une petite conversation. L’important est dans ce sourire que nous échangeons.